Evolution

Un long Fleuve tranquille

Deborah Druba - Photo Olivier Dion

Un long Fleuve tranquille

Depuis 1949, Fleuve noir tient le flambeau de la littérature populaire. Aujourd’hui, la marque d’Univers Poche est devenue un éditeur généraliste et prend le nom de Fleuve éditions.

J’achète l’article 1.5 €

Par Claude Combet
Créé le 29.11.2013 à 14h34 ,
Mis à jour le 06.12.2013 à 12h59

Au 1er janvier, Fleuve noir, marque d’Univers Poche, devient Fleuve éditions. «On garde l’appellation “Fleuve noir” pour le roman policier, mais dorénavant un titre comme Vengeance en Prada sera publié sous le label Fleuve éditions… L’avantage de ce nouveau nom est de rassembler tous les courants», assure la directrice éditoriale, Deborah Druba.

Lauren Weisberger (Vengeance en Prada), Gilles Legardinier (Et soudain tout change), Franck Thilliez (Puzzle) figurent sur notre liste de meilleures ventes depuis plusieurs semaines, démontrant s’il le fallait que Fleuve éditions reste un «éditeur populaire qui propose des histoires fortes et divertissantes», comme le souligne Deborah Druba. Mais la littérature de genre à ses débuts, en 1949, et les collections «Spécial police», «Terreur», « Anticipation », qui l’ont fondé, ont cédé la place depuis plus de dix ans à un catalogue généraliste, alimenté par une soixantaine de nouveautés chaque année.

 

 

Quality commercial

En 2000, Fleuve noir est passé au grand format et les dernières séries en poche - San-Antonio, Perry Rhodan, Star wars - paraissent directement chez Pocket, autre marque du groupe, depuis 2012. En 2004, la maison s’est ouverte à la chick-lit sous l’impulsion de la directrice de l’époque, Béatrice Duval, qui a été l’heureuse éditrice du Diable s’habille en Prada. «L’offre de romans s’est diversifiée et des auteurs comme Jonathan Tropper ou Jasper Fforde qui n’ont rien de noir étaient publiés sous ce logo», explique Deborah Druba, qui veille aux destinées de la maison depuis 2006 avec une équipe éditoriale de quatre personnes, et publie «ce que les Anglais appellent du “quality commercial”». Ainsi, cette éditrice d’origine allemande, qui a été agente, avoue un penchant très net pour les traductions (65 % des nouveautés), jouant sur tous les genres, depuis les comédies douces-amères de Jonathan Tropper et les épopées historiques de Robyn Young, en passant par les romans déjantés de Jasper Fforde ou Le cherche-bonheur de Michael Zadoorian. Toujours avec la même philosophie, défendre ses auteurs et construire leur image sur le long terme (les cinq livres de l’Américaine Lauren Weisberger sont parus au Fleuve noir et totalisent 500 000 ventes), avec l’aide d’un service marketing puissant, «qui a la force de frappe d’une maison forgée par le poche».

 

 

 

Du polar aux documents

Thrillers et polars - vingt-cinq titres par an - restent «un axe fort de la maison» (éditeur historique de San-Antonio et de Léo Malet) et seront donc publiés dans la collection «Fleuve noir». Là encore, elle y défend ses auteurs et leur univers. D’un côté, on trouve les Français comme Franck Thilliez (traduit aux Etats-Unis), Karine Giebel (prix polar-SNCF 2009), Jacques Ravenne et Eric Giacometti (les maîtres du polar franc-maçon, plus de 400 000 exemplaires vendus), Jean-Marc Souvira et Sophie Loubière. D’un autre côté, les étrangers comme Harlan Coben, grande vedette du catalogue (un million de ventes) que Fleuve éditions se partage avec Belfond, Andrea Camilleri, Nicci French, Peter James, et les Scandinaves Anders de la Motte et Carin Gerhardsen… Tandis que la science-fiction, la fantasy et autres histoires de fées, sous la plume de Jean-Louis Fetjaine notamment, continuent de compter dans ses résultats. Sans oublier la collection «Territoires», créée en avril 2011 pour un public d’adolescents et de jeunes adultes, fans de vampires, de loups-garous et de zombies, dans la lignée de Buffy, également au catalogue.

 

Mais la maison s’intéresse aussi désormais aux documents et aux aventures humaines avec des récits de vie comme No impact man de Colin Beavan (paru en 2010), Juste après dresseuse d’ours de Jaddo (2011), Sida 2.0 de Didier Lestrade et Gilles Pialoux (2012) ou encore Dans la loge de l’ange gardien de Pierre Lunère, l’histoire d’un médium gardien d’immeuble, à paraître en janvier. Elle ne s’interdit pas non plus l’humour en publiant les aventures de Simon’s cat de Simon Tofield. «Les frontières sont désormais moins rigides entre textes littéraires et livres grand public, entre littérature et littératures de genre, entre réalisme et fantastique», assure Deborah Druba, bien décidée à laisser couler tous les fleuves…

Les dernières
actualités