24 août > Essai Italie

Lorsqu’Edmondo De Amicis (1846-1908) arrive en gare de Lyon pour l’Exposition universelle de 1878, il voit tout. Et d’abord le peuple parisien "pour lequel le superflu est plus indispensable que l’essentiel". De Paris, le chroniqueur italien connaît déjà tout, comme le touriste qui débarque aujourd’hui à New York. Lui ne s’est pas nourrit de séries américaines, mais de Balzac, d’Hugo, de Zola et de tant d’autres. Quand on lui montre quelque chose, il "sait déjà". Sous sa plume alerte la Ville lumière devient incandescente.

Le cheminement dans l’Exposition universelle est à l’aune de cette attente. Le monde est à Paris pour montrer sa diversité. Chaque pays dévoile ses muscles et ses spécialités. Et puis survient l’agacement. "Quel que soit le plaisir que l’on prend à séjourner à Paris, le moment arrive où la ville devient antipathique." C’est la période "gueule de bois", les lendemains qui déchantent, mais que Paris savait alors vite réenchanter.

L’énergie de la capitale, sa générosité teintée de morgue et sa bonne humeur surgissent sous les descriptions savoureuses de l’auteur, qui se fait sociologue avant l’heure, observateur attentif des us et coutumes de Paname et de "ce bizarre mélange de contradictions que l’on appelle le Parisien". On y voit aussi la bienveillance d’un Italien francophile qui vide son sac sans pouvoir se résoudre à ne pas aimer cette ville si fascinante.

Lire Amicis au moment où les Français vont se rendre à la l’Exposition universelle de Milan, c’est prendre conscience du basculement du temps. C’est surtout un vrai plaisir de lecture.

L. L.

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