3 MAI - POLAR HISTORIQUE Italie

Marco Malvaldi- Photo NICOLA UGHI

Jeune poulain du prestigieux éditeur Sellerio, de Palerme, Marco Malvaldi, né à Pise en 1974, a été chercheur en chimie à l'université, puis, brièvement, chanteur lyrique ! Il est l'auteur, depuis 2007 et La briscola in cinque, d'une série de romans policiers décalés, best-sellers en Italie, dont les détectives amateurs sont quatre retraités qui picolent pour tuer leur ennui, dans un bar d'une station balnéaire de la Maremme toscane. Malvaldi lui-même et sa petite famille vivent maintenant en Toscane. Et c'est dans cette région, dans le château de Roccapendente, que l'écrivain a situé son nouveau roman, un polar historique non moins loufoque et brillant que ses précédents.

Nous sommes en 1895. Bien que l'Italie, à la suite du grand mouvement culturel et politique du Risorgimento, ait achevé son unité depuis un quart de siècle, certains réactionnaires ne s'y résolvent toujours pas, qu'ils soient nobles ou non, comme le baron de Roccapendente et son immonde famille de parasites et d'imbéciles. Pour ces gens du Nord opulent, les provinces du Mezzogiorno représentent un boulet, et leurs habitants des pouilleux.

On reconnaîtra, dans ces positions indéfendables, celles que tient encore aujourd'hui la Ligue du Nord, même affaiblie par la chute de Berlusconi et le scandale Bossi. Bien entendu, le parallèle entre l'histoire passée et l'actualité présente de l'Italie est voulu par Malvaldi.

Le héros, celui qui va résoudre le mystère - en l'occurrence l'assassinat à la belladone de Teodoro, le majordome du baron, suivi d'un attentat contre le baron lui-même, tiré à la chevrotine comme un vulgaire lièvre - s'appelle Pellegrino Artusi, et il a réellement existé. Romagnol, né en 1820, commerçant, il fut l'auteur, en 1891, de La science en cuisine et l'art de bien manger, le premier ouvrage qui rassemblait des recettes en provenance de toutes les régions de la péninsule. Quelques-unes, d'ailleurs, sont aimablement fournies en annexe du roman, comme celles des macaronis aux sardines à la sicilienne, ou du sabayon. Souvent comparé au Français Brillat-Savarin, Artusi a contribué à cimenter l'unité de son pays, autour de la table ! On se doute qu'il avait des convictions nationales, qui ne pouvaient que s'affronter aux réflexes féodaux des Roccapendente. Malvaldi, de plus, s'amuse à faire de son héros un admirateur de Sherlock Holmes, dont il dévore les aventures.

Invité du baron, snobé par ses fils, dragué par sa cousine restée vieille fille, Artusi joue les hôtes parfaits, courtois, s'ennuie un peu, sauf quand Parisina, la cuisinière, mitonne l'un de ses excellents petits plats. Pour se distraire, il va avoir à élucider le meurtre du domestique, l'attentat contre son maître si antipathique, lequel en a réchappé. Mais qui ne perd rien pour attendre...

C'est original, intelligent, rondement mené. Malvaldi est un maître queux du polar.

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