Bouleversements à venir sur les bords du Main. Dès la prochaine édition de la Foire de Francfort, le rendez-vous majeur de l’édition internationale depuis 1949, une nouvelle disposition va entraîner de nombreux changements, dont le déplacement du stand français et de l’espace dédié aux agents, le LitAg.
Vers une hybridation du rendez-vous majeur de l’édition
Durant l’édition qui s’est clôturée ce dimanche 19 octobre, l’équipe marketing de la foire a présenté son projet à ses partenaires éditeurs. Christian Ebert, vice-président du marketing et des ventes de la Foire depuis janvier 2024 confirme que le changement prendra effet « à partir de l'année prochaine ».
Le principe directeur repose sur une meilleure concentration des espaces et des usages. « Sur les étages supérieurs des halls trois, quatre, cinq et six, nous aurons un focus clair : le commerce international, les droits et licences, les réseaux professionnels », explique-t-il à Livres Hebdo. À l'inverse, « sur les rez-de-chaussée, tout autour de l'agora, nous accueillerons la partie publique ».
Cette logique oblige le stand de France livre, installé dans le Hall 5.0 depuis le retour à la configuration normale post-Covid, à remonter dans les étages. Les éditeurs germanophones, traditionnellement présents dans l’ensemble du grand Hall 3, sur plusieurs étages, et qui ciblent le grand public, redescendront au rez-de-chaussée sur l’ensemble des halls.
L’un des points critiques pour les éditeurs français concerne le Literary Agents and Scouts Center (LitAg), le cœur de l'échange de droits avec ses 591 tables de marché. Christian Ebert confirme qu'il sera déplacé : « Nous prévoyons très concrètement de le placer au hall 4.2 », révèle-t-il. Son repositionnement au centre de la foire « rapproche le LitAg des halls trois, quatre, cinq et six », justifie-t-il, plaçant ainsi la mécanique de l'échange de droits en pivot du nouveau système.
Le LitAg au cœur de la nouvelle disposition
Selon le directeur marketing, l'accessibilité demeure une priorité. « L'ensemble sera connecté par des passerelles avec des tapis roulants », permettant aux professionnels de naviguer entre halls sans croiser le public. Cette infrastructure physique vise à maintenir le cloisonnement BtoB afin de garantir une atmosphère de travail concentré dans les étages, alors que le public sera invité à rester au niveau du rez-de-chaussée de l’ensemble de la Foire. Pour le moment, ce dernier ne pourra entrer à la Frankfurter Buchmesse qu’à partir du vendredi, comme cette année. Le LitAg ouvrira quant à lui dès le mardi comme c’est le cas depuis plusieurs années.
« Nous avons dû évaluer ce qui se passe actuellement. Cette année, cela fonctionne plutôt bien », explique Christian Ebert en renvoyant vers les chiffres de participations en augmentation de cette dernière édition, tant du côté des professionnels que du grand public.
Le vice-président insiste cependant sur l'ampleur du chantier engagé. « Ce n'est pas seulement une question spatiale. En interne, nous discutons vraiment d'investissement dans la partie commerciale : créer des espaces de réseautage, des lounges et des programmes professionnels ». L'objectif de ce bouleversement est de permettre aux exposants internationaux, dont les français, de rester plus longtemps sur la Foire. « Mes collègues ont toujours trouvé des solutions pour tout, et cela a toujours bien fonctionné. Je demande donc à tout le monde qui de nous faire confiance, de travailler ensemble pour créer la pertinence future de la Frankfurter Buchmesse ».
Cette révolution illustre l’évolution du monde éditorial avec des enjeux qui se confrontent, comme la nécessité des éditeurs allemands – qui cèdent moitié moins de droits étrangers que leurs homologues français chaque année – de mieux s’ouvrir au grand public tout en ouvrant de l’espace à de nouveaux partenaires, sans pour autant délaisser l’aspect professionnel. Selon plusieurs acteurs du secteur, la London Bookfair (LBF - Foire de Londres), qui se tient au mois de mars, envisage également des changements organisationnels dès l’édition 2027, à la fin des travaux de l’Olympia Hall où elle se tient chaque année.