La langue populaire les affuble de plusieurs surnoms : mères juives, mères poules, mères couveuses… La surprotection est souvent l’ennemie de la protection. A preuve, ce petit Pavor. Lunettes rondes d’intello, pull gris souris, cache-nez tricoté par maman, mains toujours blanches. Il est, certes, très propre sur lui mais on ne peut s’empêcher de lui trouver un petit air triste. Les injonctions d’une mère qu’on ne voit pas mais qui est omniprésente sont légion : ne pas manger de fruits à pépins, on ne sait jamais, ça pourrait refiler une allergie ; ne pas parler aux étrangers sauf s’ils lui sont présentés ; ne pas sortir seul au jardin, etc.
Le pire concerne l’école : pour éviter d’attraper grippes, poux et "rhumes morveux", mieux vaut se tenir à l’écart des autres. Une quarantaine perpétuelle qui va jusqu’à détériorer les nuits de Pavor, visité par des créatures étranges. La mère est perplexe, elle qui a toujours été exemplaire ! Appelé à la rescousse, le médecin préconise une ordonnance sans aucun médicament. Ses conseils ? Jouer en plein air, avoir un animal de compagnie, se faire des amis. Quand il fait connaissance avec Lucile, qui vient d’avoir la grippe et qui est l’amie de Gérard qui a déjà eu des poux trois fois cette année, tout va mieux ! Ce joli album, à l’illustration délicate signée Letizia Innaccone, dans les tons brun et gris, pointe avec humour le fameux "risque zéro" de notre société hyperprotectrice. Marilina Cavaliere, psychologue, sait de quoi elle parle. Fabienne Jacob
