Polémique

Une ville près de Fukushima s'insurge contre un manga

Extrait du manga Oishinbo

Une ville près de Fukushima s'insurge contre un manga

La ville de Futaba considère que le dernier épisode du manga Oishinbo calomnie la région en insinuant que les habitants seraient victimes de maux étranges.

Par Vincy Thomas,
avec afp Créé le 08.05.2014 à 13h35 ,
Mis à jour le 09.05.2014 à 11h33

On pourrait croire à un poisson d'avril ou une information détournée de Le Gorafi. Mais, très sérieusement, la municipalité japonaise de Futaba, évacuée après l'accident nucléaire de Fukushima, s'attaque à un manga, accusé de calomnier la région en insinuant que les habitants seraient victimes de maux étranges.

Les autorités minicipales ont écrit mercredi à la maison d'édition japonaise Shogakukan pour dénoncer selon elle les contre-vérités apparues dans un récent épisode du célèbre manga Oishinbo, publié en feuilleton depuis 1984 dans le magazine hebdomadaire de manga Big Comic Spirits. Elle n'est toujours pas disponible en France.

Un des personnages dessinés par Akira Hanasaki y dit que de nombreuses personnes de Fukushima sont victimes de saignements de nez inexpliqués.

"Futaba est la ville qui héberge la centrale accidentée Fukushima Daiichi et qui par conséquent a été évacuée immédiatement après la catastrophe", a rappelé la municipalité dans sa lettre.

Et de poursuivre: "à l'heure actuelle, il est inexact que de nombreux administrés se soient plaints de saignements de nez inexpliqués".

"A cause de la publication de cet épisode, ce ne sont pas seulement les ex-habitants de Futaba mais aussi toutes les personnes de la région de Fukushima qui risquent d'être victimes de discrimination", s'inquiètent les édiles qui dénoncent une publication mauvaise pour la reconstruction de la région.

Paroles contradictoires

Selon la municipalité, le scénariste du manga, Tetsu Kariya, "n'a pas du tout enquêté" et ne fait qu'émettre une opinion "unilatérale".

Cette affaire déchaîne depuis plusieurs jours les internautes japonais, dont certains ex-habitants de la région qui disent avoir effectivement souffert de saignements de nez, tandis que d'autres disent le contraire.

Certains réclament une étude poussée plutôt qu'une bagarre entre un scénariste de manga et une municipalité.

"J'imaginais bien que le fait d'évoquer ces saignements de nez allait entraîner des protestations, mais je ne pensais par que cela allait provoquer une tourmente pareille", a écrit sur son blog l'auteur, Tetsu Kariya.

"Tout le monde aurait sans doute été content de lire que Fukushima était sûr, sans problème et que la reconstruction avançait", mais "je ne peux raconter que la vérité", dit-il encore affirmant son intention de continuer à parler de Fukushima dans les épisodes suivants avec des éléments encore plus précis sur le même sujet polémique, le tout en dénonçant une atmosphère dans laquelle on préfère selon lui mettre la tête dans le sable.

La catastrophe de Fukushima, survenue en mars 2011, continue d'empoisonner les autorités japonaises avec une gestion post-accident très critiquée. De nombreux incidents sont relatés chaque mois.

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