Avant-critique Roman policier

Valerio Varesi, "Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri" (Agullo)

Valerio Varesi - Photo © Andrea Bernardi

Valerio Varesi, "Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri" (Agullo)

De convictions en abdications, Valerio Varesi raconte les conjurations italiennes.

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Par Jean-Luc Manet
Créé le 17.04.2023 à 18h14 ,
Mis à jour le 25.05.2023 à 17h55

Soixante-huit tard. « Ce n'est qu'un début, continuons le combat », s'égosillait Elmo Boselli dans les rues de Parme, comme d'autres à Paris ou Nanterre, au printemps 1968. Si ses rêves majeurs sont passés sous l'éteignoir depuis belle lurette, le reste des utopies s'achève définitivement cinq décennies plus tard lorsqu'on le retrouve suriné dans son jardin. Plutôt sympathisant de ces mirages révolus, le commissaire Soneri remonte le cours des activités passées et des fréquentations d'hier du militant poignardé. Mais, d'idéaux perdus en trahisons idéologiques, les pistes s'opacifient comme un brouillard tenace sur les Apennins. Une Vespa passe, les plats de la gastronomie parmesane repassent, portés par les belles tournures mélodiques, à l'italienne disons, d'un Valerio Varesi au sommet de l'usuelle truculence de son Émilie-Romagne de cœur, ardente même sous les trombes d'eau automnales. À noter que depuis Le fleuve des brumes en 2003, il pleut beaucoup sur les chemises noires ou rouges des personnages de Varesi. Pour l'heure, un mystérieux cadavre roumain grippe l'enquête. Du coup, Soneri hésite entre la nostalgie des défaites d'une politique flamboyante et les froides réalités fascisantes de l'époque présente. Les générations s'ignorent ou se percutent et une déception virale aigrit les protagonistes de l'histoire. Mais c'est sur un sentiment antagoniste de pure satisfaction que nous achevons la lecture de cet attachant roman, « polarital » en diable.

Valerio Varesi

Agullo
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 22,50 € ; 320 p.
ISBN: 9782382460900

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