Environnement/Australie 26 février Glenn Albrecht

Dans certaines cultures, il n'existe pas de rupture entre le ciel et la terre. Chez les Boorong, un peuple aborigène d'Australie, par exemple, les étoiles sont liées aux créatures terrestres, comme l'oiseau lowan (Leipoa ocellata, selon la taxonomie occidentale). Non seulement, ont constaté ces premiers Australiens, une constellation dans le firmament a la forme de ce volatile ocellé, mais elle répond ici-bas à son cycle de nidification.

L'homme moderne, après avoir clamé son divorce avec le ciel, s'est cru affranchi de ses liens avec la terre. On nomme « anthropocène » cette « ère de l'histoire de la Terre qui a débuté avec la domination humaine sur tous les processus biophysiques planétaires et même sur le premier d'entre eux, le climat ». L'essence de cette ère « semble être autodestructrice », comme le souligne Glenn Albrecht, aussi le philosophe australien exhorte-t-il ses contemporains et les générations après lui à entrer dans une nouvelle ère qu'il nomme « symbiocène », « une ère caractérisée par des émotions positives envers la terre. »

Si l'ouvrage vaut manifeste, Albrecht n'adopte pas le ton docte des prédicateurs du climat. Le babyboomer né en 1953 à Perth commence par sa « Sumbiographie » (hybride entre summa, « somme » en latin, du préfixe sum - « avec » en grec - et « biographie »). On plonge dans sa pensée de l'environnement par une histoire d'immigration (un père, natif de Ceylan, aux origines néerlandaises, portugaises et cingalaises), de deuil (son père meurt tôt) et aussi de discrimination (ayant la peau sombre, il se fait traiter par les Blancs d'« Abo »).

Le salut se trouve dans une reconnexion au cosmos, à l'instar des Aborigènes qui ne font pas de dichotomie entre ciel et terre, pas plus qu'entre rêve et réalité. Il est question de « solastalgie », de syndrome « psychoterratique » ; si cela semble jargonneux, il y a un glossaire en fin d'ouvrage.

Le message est en fin de compte cette coopération au cœur de la relation avec les autres organismes, ça avait commencé bien avant nous : « Les humains sont un simple exemple récent d'une symbiose agissant à grande échelle. Nous parcourons la Terre avec l'aimable autorisation de nos bactéries intestinales. » Une leçon d'humilité.

Glenn Albrecht
Les émotions de la Terre - Traduit de l'autralien (anglais) par Corinne Smith
Les Liens qui libèrent
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 23 euros ; 366 p.
ISBN: 9791020908070

Les dernières
actualités