Série de l'été

Voyage en littérature [3/5] : Jean Cocteau et les 90 ans des "Enfants terribles"

Jean Cocteau en 1923 - Photo Domaine public

Voyage en littérature [3/5] : Jean Cocteau et les 90 ans des "Enfants terribles"

Chaque dimanche Livres Hebdo célèbre l'anniversaire d'un roman majeur dans l'histoire de la littérature française. Cette semaine, Les enfants terribles de Jean Cocteau.

Par Nicolas Turcev
Créé le 04.08.2019 à 16h00

Chagrin d'opium
 
Roman subversif et provocateur de l’entre-deux guerres, Les enfants terribles de Jean Cocteau est né il y a 90 ans d’un chagrin et de la drogue. Bouleversé par la mort de son ami Raymond Radiguet en 1923, Cocteau se réfugie dans l’opium et développe une addiction. Lors d’un séjour en clinique, inspiré par l'histoire de la famille Bourgoint avec qui il s'est noué d'amitié, il rédige cet opus en dix-sept jours seulement et le fait paraître chez Bernard Grasset (1929). Soit l’histoire de Paul, un lycéen blessé par une pierre dissimulée dans une boule de neige, lancée par le garçon dont il est amoureux. Alité, il est pris en charge par sa sœur, Elisabeth. Ils partagent leur quotidien en huis-clos dans leur chambre commune, leur nouveau monde, sans la crainte d’enfreindre les bonnes mœurs bourgeoises : vol, drogue, homosexualité, inceste…
 
Les éditions
 
Les enfants terribles fait partie des Œuvres romanesques complètes (2006) de Cocteau publiées dans la "Bibliothèque de la Pléiade" chez Gallimard. On le retrouve également en poche chez Grasset (2013) dans la collection "Les cahiers rouges", mais aussi au Livre de poche (1959) où il s’est écoulé à plus de 50000 exemplaires.
 
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Les adaptations
 
Cocteau a lui-même adapté le scénario de son roman pour le grand écran dans un long-métrage de Jean-Pierre Melville en 1950. L’écrivain participe même au casting puisqu’il en est la voix off. Le frère et la sœur sont interprétés par Edouard Dermit et Nicole Stephane. Devenue productrice, cette dernière tentera quelques années plus tard de convaincre Truffaut, Resnais et Rivette de tourner l’adaptation cinématographique d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust, dont elle a acquis les droits. En vain.

Avant même sa transposition au cinéma, Les enfants terribles a été adapté pour la radio en 1947 par le metteur en scène Maurice Cazeneuve. Il faut attendre 1984 pour voir débarquer Paul et Elisabeth sur les planches dans une pièce mise en scène par Jean Christophe Barbaud et joué au théâtre du musée Grévin. Douze ans plus tard, l’américain Philip Glass compose un opéra de chambre adapté à la fois du roman et du film de Melville. Il s’agit du dernier volet d’une trilogie en hommage au poète français, après Orphée en 1993 et La belle et la bête en 1994, inspiré par le film éponyme de Cocteau paru en 1946.


 
Sur les pas de Jean
 
Le poète dispose d’un sanctuaire dédié à sa mémoire : la maison Jean-Cocteau à Milly-la-Forêt (Essonne), ancien foyer de l’écrivain où il vécut et mourut, depuis devenue une demeure-musée. Grâce au travail de conservation du compagnon de l’écrivain, l’acteur Edouard Dermit, le visiteur y découvre l’habitation telle qu’elle a été utilisée par Cocteau avant son décès. Sa dépouille repose non loin, dans la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, que l'artiste avait décorée.
 
La plus grande collection d’œuvres de Cocteau repose à Menton, dans les Alpes-Maritimes. Le musée Jean Cocteau abrite plus de 2000 objets cédés par le collectionneur américain Séverin Wunderman, la plupart créés par le poète. La ville abrite également Le Bastion, le musée historique consacré à l’œuvre de Cocteau, inauguré en 1966.
 
Décorateur prolifique, Jean Cocteau a dessiné et peint dans de nombreux lieux qu’il affectionnait, principalement sur la côte d’Azur. Il a notamment embelli la villa Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat, décoré l’orchestra du théâtre en plein air de Cap d’Ail et réalisé les fresques de la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer.

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