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Booktracking : le projet Fileas en questions

Anne Martelle, présidente du SLF, en discussion avec Vincent Montagne et Renaud Lefebvre, du SNE - Photo ©ED

Booktracking : le projet Fileas en questions

Malgré des divergences avec plusieurs acteurs de la filière, le SNE espère toujours avancer sur le projet de suivi des ventes de livres pour une mise en place en 2025. 

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Par Éric Dupuy
Créé le 15.04.2024 à 16h53

Le projet Fileas pour Fil d’informations libraires éditeurs et auteurs, destiné à offrir une « donnée de vente par jour et par livre », est toujours attendu pour 2025, selon le Syndicat national de l’édition, malgré certaines divergences relevées par des acteurs du projet. 

Le Festival du Livre de Paris a permis au SNE de présenter son projet Fileas lors d’une table ronde dédiée pendant la matinée professionnelle. Le rendez-vous a notamment réuni Renaud Lefebvre, directeur général du SNE, et Séverine Weiss, présidente du Conseil permanent des écrivains.

Que sait-on du projet de suivi des ventes en direct ?

D’après les éléments fournis jusqu’à présent par le Syndicat sur le projet, les données de remontées des caisses de détaillants seraient indexées par une structure ad hoc, entreprise à mission, après collecte et agrégation par Dilicom. Ces données seraient ensuite mises à disposition, de manière anonyme, aux bénéficiaires (diffuseurs, distributeurs, éditeurs, ayants-droit) via un portail à accès sécurisé. « Ce projet économe, réduit à la racine dans ce qui est le plus strictement nécessaire, doit capitaliser au maximum sur les circuits existants », a précisé Renaud Lefebvre. En début d’année 2024, le projet a connu une grande avancée avec l’accord du réseau Fnac d’entrer au capital de Fileas et de partager ses données de vente, en plus des adhérents du Syndicat de la librairie française, des librairies de 1er et 2e niveau. Le SNE a confirmé qu’à cette heure, Amazon n’avait pas souhaité faire le même mouvement. 

A qui profite-t-il ?

Lors de la table ronde au Festival du Livre de Paris, chacun a pu démontrer les impacts positifs du système pour les maillons de la chaine du livre qu’il a représenté. Notamment, Séverine Weiss a tenu à rappeler, qu’aussi importante que soit cette information pour les auteurs, « les chiffres des ventes qui leur seraient révélés quotidiennement par Fileas n’étaient pas voués à supplanter ceux des redditions de compte effectuées par les éditeurs », pour l’instant une et bientôt deux fois par an. 

Pour ces derniers, « le bénéfice immédiat est la capacité de ces données à prévenir les risques de rupture et les pilons sur stock », a réaffirmé Renaud Lefebvre.    

Quelles sont les réticences ?

Le projet lancé il y a un an par le SNE semble encore loin de faire consensus. Ces derniers jours, les représentants des libraires ont réaffirmé dans un communiqué leur volonté de participer à l’élaboration « d’un outil d’information sur les ventes à destination des auteurs ». Selon nos informations, les signataires de cette communication (Fnac, SLF, SDLC et Alire) contestent en outre la possibilité de commercialisation de ces données. En d’autres termes, ces organisations sont d’accord sur le fond mais réticentes sur la forme, avec notamment des questionnements sur l’équilibre de la gouvernance de la structure ad hoc.

Quelle suite à donner ?      

De son côté, le SNE a pris acte de « la mobilisation désormais exprimée par les principaux détaillants du livre » et va « s’attacher, en étroite relation avec les représentants des auteurs et des établissements et institutions partenaires, à mettre en œuvre le portail ».

Les discussions devraient reprendre prochainement afin que Fileas soit opérationnel en 2025, selon la volonté du SNE.

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