Qatar

15 ans de prison pour un poème

15 ans de prison pour un poème

Dans ce poème, Ibn al-Dhib exprimait l'espoir que le Printemps arabe s'étende à d'autres pays arabes, et faisait une allusion aux monarchies du Golfe, dont le Qatar.

Par Manon Quinti,
avec Afp Créé le 23.10.2013 à 12h22

La justice du Qatar a confirmé le 21 octobre la condamnation du poète à 15 ans de prison pour un poème jugé critique envers le régime des Al-Thani. Ibn al-Dhib avait été condamné en novembre 2012 à la prison à perpétuité pour "atteinte aux symboles de l'État et incitation à renverser le pouvoir", mais en février dernier il avait vu sa peine réduite à 15 ans de prison en appel.

Le "poème du Jasmin" de Mohamed al-Ajmi, alias Ibn al-Dhib, rend hommage au Printemps arabe tunisien, et exprime l'espoir que le changement touchera d'autres pays arabes. Il fait allusion aux monarchies du Golfe en écrivant : "Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive", et fait référence au Qatar, qui abrite une importante base américaine : "J'espère que sera bientôt le tour des pays dont le dirigeant s'appuie sur les forces américaines".

"Nous ne sommes pas dans un Etat démocratique"

"C'est un jugement politique et non judiciaire", a déclaré l’avocat du poète, Me Naïmi, ancien ministre de la Justice du Qatar. "Nous ne sommes pas dans un Etat démocratique, avec un Parlement et des institutions élues, pour pouvoir obtenir une nouvelle enquête". Il a indiqué qu'il espérait une grâce de l'émir cheikh Tamim Ben Khalifa Al-Thani, le dernier recours pour son client qui "croupit en prison depuis deux ans à l'isolement".

Pendant le procès, l'avocat avait fait valoir qu'il n'y avait "aucune preuve que le poète ait prononcé en public le poème pour lequel il était jugé" et assuré que le texte avait seulement été récité "dans son appartement au Caire".

Amnesty International a condamné la décision de la Cour de cassation, y voyant une "violation flagrante de la liberté d'expression". "Il est particulièrement inquiétant de voir une tel jugement au Qatar, qui s'est présenté comme un pays qui aime les arts et prétend respecter les normes internationales en matière de droits de l'Homme", a affirmé l'ONG.

Le jugement en appel avait déjà été condamné par plusieurs ONG, d'autant que le Qatar a soutenu les soulèvements du Printemps arabe, notamment par le biais de sa puissante chaîne satellitaire Al-Jazeera. Une pétition pour demander la libération du poète avait été lancée en décembre dernier par la Biennale internationale des poètes en Val-de-Marne.

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