Le récent rapport sur L’apport de la culture à l’économie de la France répond avant tout à la volonté politique du ministère qui l’a commandé (voir l’interview d’Aurélie Filippetti, p. 18) : il s’agit de démontrer que le secteur n’est pas une activité superflue, supportable uniquement en période de prospérité, mais contribue réellement à la création de richesse du pays. Toujours soupçonnée d’être peuplée de saltimbanques perfusés aux subventions, la culture tente depuis longtemps de balayer ces «a priori ». Une récente étude poursuivait le même objectif, tout particulièrement pour le cinéma (1).
Dans cet univers, l’économie du livre apparaît particulièrement efficace et vertueuse : à 44 millions d’euros, les aides et subventions représentent 0,8 % des 5,5 milliards de la valeur ajoutée créée, contre 21,7 % dans l’audiovisuel, 13 % dans le cinéma ou 12,7 % dans la presse. Toujours mesuré en valeur ajoutée, le livre est le cinquième secteur culturel, après le spectacle vivant, le patrimoine, les arts visuels et la presse. Il a toutefois reculé de 12,9 % depuis 2007, en raison « des mutations structurelles du lectorat », selon les auteurs du rapport, qui appartiennent à l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac), ainsi qu’à l’Inspection générale des finances : il était important d’avoir la caution de ce service garant de la bonne utilisation des fonds publics.
La production globale génère 15,4 milliards d’euros, avec les activités indirectes (imprimerie, reliure, papier, vente à distance, grande distribution) intégrées au prorata de la part de leur production ou de leurs ventes relatives au livre. La production spécifique du secteur (édition, librairie, gestion des bibliothèques) atteint 9,2 milliards d’euros, un chiffre qui peut « comporter certains doublons », nuance Serge Kancel, inspecteur de l’Igac et coauteur du rapport. « C’est pourquoi nous insistons plus sur la valeur ajoutée, qui nous paraît plus pertinente. » L’édition seule a créé 1,5 Md d’euros de valeur ajoutée en 2011, et 4 Md d’euros avec les activités induites (consommations intermédiaires nécessaires à cette production). En termes d’emploi, le livre représente 5 % du secteur culturel en 2010, soit 33 871 salariés exactement selon l’estimation du rapport. La tendance est au repli depuis 2008. Le détail par secteurs n’est pas précisé, et notamment pas pour l’édition, et certaines fonctions sont données avec des regroupements, notamment dans la vente, ou les bibliothèques. Hervé Hugueny
(1) Le rapport et l’étude sont disponibles sur Livreshebdo.fr.
