Portrait

Anouck et Louis, maîtres du pop-up

Louis Rigaud et Anouck Boisrobert. - Photo DR

Anouck et Louis, maîtres du pop-up

Auteurs de pop-ups chez Hélium, le très jeune duo a développé un savoir-faire et une griffe qui n’appartiennent qu’à eux.

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Par Claude Combet
avec Créé le 13.03.2015 à 00h34 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Nous recherchons avant tout la simplicité, pour le graphisme comme pour le mécanisme. Nous voulons être dans l’efficacité." Tel est le credo d’Anouck Boisrobert et de Louis Rigaud, un duo de choc et de 29 ans (chacun). En cinq livres, tous publiés par Hélium et vendus aux éditeurs du monde entier, ils se sont imposés dans le petit monde du pop-up. A n’en pas douter, leur petit dernier, Oh ! Mon chapeau, paru en novembre 2014, sera l’attraction à Bologne.

Oh ! Mon chapeau, album pop-up paru chez Hélium.

L’aventure a commencé par un projet d’étudiant à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg en 2007, et qui a donné Popville, publié en 2009 par Sophie Giraud chez Hélium. "Laurent Seys, intervenu à l’école pendant une semaine pour nous apprendre les techniques de base, nous a donné le virus", raconte Louis Rigaud.

"Un pop-up ne doit pas être gratuit, ni démonstratif", déclare ce dernier. "L’idée doit être portée par la technique", confirme Anouck Boisrobert. Ainsi Popville s’appuie sur "une idée toute simple au départ, celle d’un jeu de construction fait de cubes qu’on empile" et raconte aux enfants, qui la voient grandir de page en page, comment se construit une ville. Le deuxième, Dans la forêt du paresseux, reprend le système à l’envers et explique la déforestation. "Le texte est venu ensuite parce que nous voulions que le lecteur passe plus de temps sur les images ; nous avons ajouté le paresseux", commentent-ils. Si Océano est plus illustré et davantage destiné au grand public, la technique en est "plus spectaculaire". "Avec Oh ! Mon chapeau, on a voulu revenir à quelque chose de basique. Nous n’étions pas partis pour faire un pop-up, mais nous avons trouvé une nouvelle astuce. Nous voulions aussi raconter une histoire et il nous fallait davantage de pages", explique Anouck Boisrobert. Entre-temps est né Tip tap, qui fut d’abord un imagier et qui est en train de devenir un univers à lui tout seul avec un jeu interactif et des cahiers d’activités.

Le pop-up est un moyen de travailler ensemble, "de se retrouver sur un projet", alors que chacun mène ses activités indépendamment de l’autre. Anouck Boisrobert est illustratrice, notamment pour la presse ; Louis Rigaud développe des jeux vidéo, des films d’animation et des applications. Chaque pop-up apporte son lot de maquettes qui envahissent l’appartement, de bandes collées, d’essais de pliages. "L’ingénieur papier nous a maudits mais il nous a aidés. Nous n’avions pas tout le savoir-faire. Parfois le pop-up ne se dépliait pas dans le bon sens", raconte Louis. Il se charge des maquettes et des tests, "recommence quand ça ne marche pas" puis retrace les plans sur l’ordinateur. "C’est très technique. Il faut dessiner les traits de coupe, les traits de pli, et rédiger les consignes pour expliquer le montage", souligne-t-il. Ils travaillent à l’échelle du livre, car "le papier ne réagit pas de la même façon selon l’échelle". Mais ils ont parfois le sentiment "de se réfugier dans le pop-up pour ne pas se confronter aux vrais challenges" et de perdre de vue leur premier métier.

Leurs influences sont très graphiques. Anouck cite Kveta Pakovska, Katsumi Komagata, Bruno Munari, Enzo Mari, tandis que Louis se dit marqué par sa première console Nintendo à l’âge de 7 ans et le jeu Castlevania : "Le bonhomme était en pixels, dix pixels sur dix, et le méchant était une boule qui balayait tout sur son passage. La technique était sommaire mais laissait la place à l’interprétation et à l’imagination", se souvient-il.

La visite de Laurent Seys aux Arts décos de Strasbourg a suscité d’autres vocations. Dans la même promotion qu’Anouck Boisrobert et Louis Rigaud, Iris de Véricourt a réalisé Carnaval animal pour Hélium, et Vincent Godeau Avec quelques briques pour L’Agrume. Les pionniers d’une école française du pop-up ?

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