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Arnaud Lagardère interpellé par une intersyndicale inquiète et critique

Arnaud Lagardère

Arnaud Lagardère interpellé par une intersyndicale inquiète et critique

Suite au départ soudain d'Arnaud Nourry, après 18 ans à la tête d'Hachette Livre, l'intersyndicale du groupe Lagardère interpelle Arnaud Lagardère et lui reproche son silence, son manque de transparence et son absence d'audace. "Etes-vous réellement attaché aux métiers de votre groupe quand vous affirmez que vous étudiez toutes les offres financières ?" s'interrogent-ils.

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Par Vincy Thomas
Créé le 02.04.2021 à 12h07

Dans un courrier envoyé par les représentants des salariés au Comité de groupe Lagardère de tous les syndicats (CFDT, SNJ, CGT, CFE-CGC, CFTC, FO), ceux-ci interpellent Arnaud Lagardère, lui reprochant son absence et son manque de transparence sur l'avenir de son empire. Ils implorent le patron de se ressaisir après des mois où ses rares prises de paroles ne concernaient que sa position dans le groupe et sa survie face au duo Bolloré-Amber Capital. "Les entreprises qui composent votre groupe et les salariés qu’elles rassemblent ne sont pas un jeu de quilles. Avez-vous conscience que ces richesses risquent de disparaître dans le maelström qui se prépare ? Nous, représentants des salariés au Comité de groupe, sommes persuadés qu’il est encore temps de l’éviter. Nous nous mobilisons dès maintenant pour faire barrage à un dépeçage allant contre l’intérêt des salariés du Groupe", invoque l'intersyndicale.

"Un silence assourdissant de la rue de Presbourg [siège de la SCA Lagardère, ndlr] depuis plusieurs semaines et, subitement, ce lundi 29 mars, un communiqué du groupe Lagardère annonçant « la démission à l’amiable » du patron de la plus importante de ses branches. Ne tournons pas autour du pot : Arnaud Nourry paye ses prises de positions récentes contre la perspective d’un démantèlement d’Hachette Livre, entreprise qu’il présidait depuis dix-huit ans. Perspective qui, malheureusement, prend corps : plus rien ne semble s’opposer désormais aux emplettes que Vincent Bolloré rêve de faire au sein d’Hachette pour garnir le panier de sa filiale Editis. Et au-delà d’Hachette, ses manœuvres pour compléter son puzzle dans les médias…" s'inquiètent les salariés.

A moins de trois mois de l'Assemblée générale annuelle, qui devrait acter la fin de la commandite qui permet à Arnaud Lagardère, lourdement endetté, de garder le contrôle malgré une part réduite dans l'actionnariat de son groupe, l'inquiétude grandit au sein des différentes filiales. La bataille capitalistique entre Vincent Bolloré, Amber Capital et Bernard Arnault semble se faire sur le dos des salariés. Depuis un an, tous les scénarios sont évoqués: de la reprise de la branche internationale d'Hachette par Editis à la fusion des deux plus grands groupes éditoriaux français.
 
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

De l'empire hérité de son père, Jean-Luc Lagardère, il ne reste finalement plus que les branches Edition (Lagardère Publishing) et Distribution (Lagardère Retail). Les derniers médias (JDD, Europe 1, Paris Match) sont sur le point d'être cédés. Les activités aéronautique, médiatiques, audiovisuelles, sportives, publicitaires ont toutes disparu du portefeuille en dix-huit ans.

"Ohé !... Arnaud Lagardère, où êtes-vous ? que faites-vous ? Le groupe que vous dirigez va-t-il être sacrifié sur l’autel du rétablissement de votre situation financière personnelle ? Quel pacte êtes-vous en train de conclure avec les prédateurs qui font des ronds au-dessus de nos têtes depuis plus d’un an ? Etes-vous réellement attaché aux métiers de votre groupe quand vous affirmez que vous étudiez toutes les offres financières ? Considérez-vous que puisque tout a un prix, tout est à vendre ?" s'interrogent les syndicats, qui lui reprochent le manque d'audace, d'anticipation et de conviction: "Votre silence depuis un an nous donne l’impression d’une fin de parcours. Tout comme l’arrêt des investissements et l’étiolement du management."

"La longue histoire du groupe Lagardère est riche de ces moments où, confrontées à de fortes secousses, les équipes ont su se remettre en question, créer, innover, développer, prendre de l’avance. Dans le Livre : l’expansion internationale et la bataille pour obtenir le respect d’Amazon ; dans le Retail : l’implantation planétaire ; dans les médias : la force éditoriale et la multiplicité des supports…", rappelle le courrier.

Dans cette critique virulente à l'égard de leur patron, les signataires soulignent que "les salariés de Lagardère vibrent pour les mêmes valeurs : liberté d’expression, pluralisme, respect des différences, indépendance, recherche de la vérité, goût pour le travail bien fait, soif de progrès…". A peu de chose près, les mêmes arguments que tenaient Arnaud Nourry il y a quelques jours, avant d'être démis brutalement de ses fonctions.



 

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