ÉDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Photo OLIVIER DION

En septembre, tout le monde s'adore. Auteurs et éditeurs d'abord. Antoine Gallimard et Daniel Pennac, ainsi que deux autres "couples", éditeur-écrivain, anglais et allemand, sont allés à Bruxelles, mercredi dernier, dire devant le Parlement européen comment ils travaillent main dans la main et abordent de concert l'univers numérique et la conception des droits d'auteur afférente. Ecrivains et stars du cinéma ensuite. Dans un théâtre de l'Odéon plein à craquer, l'auteur américain Jonathan Franzen a ainsi pu entendre Charlotte Rampling, lire des passages de la traduction française de son dernier roman Freedom. Frédéric Beigbeder et le monde entier enfin, au Palace, la salle de concert mythique étant presque trop petite pour accueillir ses innombrables amis, auteurs, éditeurs et autres.

Septembre, c'est le mois du consensus, avant que tout le monde ne se déchire autour des prix littéraires qui, immanquablement chaque année, réduisent en miettes les amitiés les mieux assurées. C'est le moment où les jurys délivrent leurs premières sélections, larges et généreuses. Jusqu'ici, au total, une cinquantaine de romans ont été considérés comme dignes de concourir.

Quant à nous, nous dévoilons dans ce numéro les vingt romans français et les vingt romans étrangers préférés des libraires. Leur sélection française, dominée par les livres de Delphine de Vigan et de Carole Martinez - deux femmes, c'est une première -, apparaît cette année plus proche de celles des prix littéraires et des engouements de la presse que d'habitude. On y retrouve aussi les livres de David Foenkinos (3e), Emmanuel Carrère (4e) ou encore Alexis Jenni (5e). Quelques oubliés des sélections s'y glissent toutefois, comme Metin Arditi (6e) ou Hélène Gestern. En revanche, si Jonathan Franzen, Haruki Murakami, David Vann et David Grossman dominent le palmarès des romans étrangers, y figurent plus qu'ailleurs des livres d'auteurs jusqu'alors inconnus, comme Emma Donoghue, Jon Kalman Stefansson, Eric Puchner, Steve Sem Sandberg ou Howard Jacobson. Ils témoignent du péché mignon des libraires : découvrir des auteurs hors des sentiers battus.

Profitons quelques jours encore de la douceur de ce mois qui permet de mettre en avant tant de romans dans une euphorie quasi générale. Viendront bientôt les sélections resserrées, le temps des exclusions et des premiers grincements de dents... La vraie vie littéraire, quoi !

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