La plus grande chaine de librairie américaine, Barnes & Noble, pourrait être vendue. Il s'agit d'une stratégie alternative, qui lui permettrait, officiellement, de dynamiser la valeur de son action. Le groupe est actuellement évalué à 700 millions de $.

Cette décision, qui a surpris les analystes financiers et qui inquiètent les éditeurs, est intervenue le 3 août à New York. La banque Lazard sera en charge de trouver la meilleure option financière possible, tandis que le cabinet Morris Nichols Arsht & Tunnel aura la responsabilité des questions juridiques.

Le fondateur et propriétaire de la chaine (28,7% du capital, mais 37% avec les autres membres de sa famille et des cadres de la société), Leonard Riggio, espère ainsi attirer un investisseur pour l'acquérir, et assurer ainsi la pérennité de son réseau. Il n'écarte pas l'idée d'en être l'acheteur, au sein d'un groupe d'investisseurs. Un moyen pour lui de ne plus avoir à affronter son critique le plus virulent, Ron Burkle, qui possède 18,7% de B&N et cherche à acquérir depuis février un total de 37% des parts pour prendre le pouvoir à Riggio. Les deux s'accordent au moins sur deux éléments : B&N a un avenir et sa capitalisation n'est pas à la hauteur de son potentiel.

Une croissance portée par les ventes numériques

Pour le conseil d'administration, l'action est actuellement sous-évaluée. Si aucun calendrier n'a été fixé, le conseil a clairement vanté la valeur du groupe : une marque iconique, des atouts uniques dans un marché compétitif et mouvant, une direction motivée, une croissance « explosive » dans le numérique. Car, si les ventes baissent dans les magasins (-4,8% en mai 2010 en fin d'exercice fiscal), celles en ligne sont en forte augmentation (+24%). Au total, Barnes & Noble réalise un chiffre d'affaires annuel de 5,8 milliards de $, dont 74% provient de ses magasins. La chaine vend 300 millions de livres par an à travers ses 720 magasins, ses 634 librairies universitaires et sa plateforme numérique en ligne. La chaine dispose aussi de sa propre « liseuse », le Nook.

Si la chaine a réussit quelques bonnes opérations ces derniers mois, comme le rachat de Barnes & Noble College Bookstores, l'acquisition de Fictionwise (un libraire en ligne) ou le lancement de sa boutique en ligne, elle n'est pas parvenue à reprendre Borders, sa concurrente très fragilisée, mise en vente il y a deux ans et a ouvert peu de nouveaux magasins (le dernier remonte à mai, à Pittsburgh).

De même, de nombreux experts s'interrogent sur la valeur d'une chaine de distribution spécialisée dans un secteur qui place le numérique au coeur de son avenir.

Pour l'exercice fiscal 2011, le groupe espère une hausse des ventes de 20 à 25%, mais seulement de 3% en librairie généraliste et de 0% en librairie universitaire.

15.04 2015

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