Comme la cuisine, le secteur des boissons accuse une contraction de sa production, et c’est plutôt du côté des bulles qu’il faut chercher un peu d’effervescence et de fantaisie. Profitant du retour en grâce de la bière, qui bénéficie d’une image plus qualitative et du regain des brasseries artisanales - 590 dénombrées en France en 2014 -, les éditeurs s’activent sur ce segment. Jouant sur l’envie de découverte des consommateurs, ils privilégient les guides d’achat. Une demi-douzaine devrait paraître d’ici à décembre, dont Les meilleures bières du monde de Ben McFarland, un achat britannique à visée encyclopédique qui sortira chez Solar en octobre. Larousse a choisi ce terrain pour éditer l’un des derniers livres-forme du marché, Les 100 bières cultes à déguster absolument !, en forme de verre à bière. "Proposer une offre ludique est plus facile sur la bière que sur le vin, le public étant plus jeune et davantage composé d’amateurs que d’initiés", plaide Agnès Busière, directrice éditoriale cuisine et vin chez Larousse. Signe toutefois que la boisson fermentée acquiert des lettres de noblesse, Hachette a concocté un guide d’achat avec Elisabeth Pierre, l’une des rares spécialistes françaises de la bière. Fonctionnant sur le même principe que son célébrissime cousin des vins, soit la dégustation à l’aveugle des bières de chaque région française et, ici, de quelques-unes à l’étranger, Le guide Hachette des bières (octobre) présente 250 brasseurs et 500 bières artisanales, dont 50 coups de cœur. Pour Stéphane Rosa, éditeur chargé du vin chez Hachette Pratique, cette première édition a vocation à s’installer dans la durée.
"Faire sortir les vignerons de leur vigne"
Stars l’année dernière, les cocktails continuent d’avoir le vent en poupe, portés notamment par la vague des smoothies et autres jus de fruits ou légumes crus. Mais c’est toujours le vin, indéboulonnable valeur sûre, qui fournit le gros de la production, marquée cette année par le lancement, le 11 septembre, de la 30e édition du Guide Hachette des vins. La grosse machine de 1 408 pages, dont le tirage oscille entre 80 000 et 100 000 exemplaires, bénéficie pour l’occasion d’une refonte totale. Au-delà du traditionnel changement de typographie et des couleurs, la présentation de l’ensemble de l’information a été repensée pour la rendre davantage lisible, systématisant par exemple durée de garde et accords mets-vins. En outre, chaque notice comporte un texte d’introduction sur les domaines et une vingtaine de portraits de vignerons parsèment le guide, "une manière de remettre au centre l’humain", souligne Stéphane Rosa.
Donner de la chair aux livres. Cette tendance, qui sévit depuis plusieurs années en cuisine, débarque en effet dans le secteur du vin. "A la différence de la cuisine, nous n’avons pas encore raconté toutes les histoires autour du vin", note Laurence Houlle, directrice de la communication et du marketing livres chez Glénat, qui s’attelle à "faire sortir les vignerons de leurs vignes". Ses deux beaux livres de fin d’année autour du vin, 1855 : Bordeaux, les grands crus classés et Une année en Corton, font donc le pari d’aborder le sujet sous l’angle des hommes et des terroirs. Dans le même temps, l’entreprise de désacralisation du vin et de son traitement pédagogique, initiée notamment par Marabout avec Le vin, c’est pas sorcier, sorti en septembre 2013, se porte bien. Les éditeurs explorent donc cette piste, comme Dunod, qui poursuit l’enrichissement de sa collection de vulgarisation "Les 101 à découvrir" avec les bordeaux. De son côté, L’Epure prépare pour 2015 une suite de son succès de 2013, Mimi, Fifi & Glouglou, tandis qu’Hachette Pratique a refondu les ouvrages de dégustation de Pierre Casamayor pour leur offrir des formats plus grands, plus dynamiques et plus illustrés avec pour objectif de gagner un public plus jeune et plus féminin.