Règlements de comptes à Rubbish Gulch. De passage à Rubbish Gulch, Lucky Luke est confronté à un problème inédit : il doit se charger de deux gamins dont il a arrêté le frère aîné qui les gardait en l'absence de leurs parents, disparus dans la nature. Mais voilà, les enfants demandent une attention constante. Rose est une incontrôlable casse-pieds, tandis que Casper, autistique, use la patience de ses interlocuteurs en leur posant sans cesse les mêmes questions. Et puis, surtout, des bandits semblent s'intéresser de très près à cette famille. C'est en partant à la recherche des parents que Lucky Luke découvrira le pot aux roses...

« Lucky Luke m'a toujours plu. Dès mon plus jeune âge, j'ai aimé ce personnage. [...] J'adorais le faire jouer, le dessiner. J'adorais les couleurs, le rouge du foulard, le jaune de la chemise, le bleu du pantalon. Il est parfait. Il a quelque chose de cohérent, qui se tient. Il est très agréable à dessiner », confiait Blutch lors d'une interview aux Inrockuptibles en 2015. Il semblait donc tout naturel qu'il se prête un jour à l'exercice de reprise du poor lonesome cowboy. L'histoire, rondement menée, marie comme il se doit aventure et humour. Respectant les codes et parsemée de discrets clins d'œil, elle s'inscrit naturellement par son cachet et son authenticité dans la lignée de la série. Si Blutch évite les jeux de mots et ne multiplie pas inutilement les gags, il joue par contre sur de savoureux anachronismes. Aux côtés d'un Lucky Luke malin et imperturbable et d'un Jolly Jumper fidèle à lui-même, Blutch crée une galerie de personnages attachants comme la peste Rose, le mignon Casper, ou encore le shérif, pleutre dont la seule ambition est d'éviter les ennuis et qui attend que Lucky Luke fasse le boulot. Sans renier son style propre, Blutch relève avec dextérité les défis graphiques d'une aventure de Lucky Luke. Les coups partent avec une énergie folle, les chapeaux volent, et le saloon s'anime d'une scène de bagarre, magistralement expédiée en une case ! Comme chez Morris, il y a de la vivacité dans chaque plan. Les indomptés est une œuvre moins onirique et débridée que certains albums de Blutch, comme le récent La mer à boire. Mais sous ses dehors accessibles, cet album subtil et personnel offre plusieurs niveaux de lecture.