Entretien

Clara Héraut, autrice : « Le young adult n'est pas reconnu à sa juste valeur ! »

Clara Héraut, autrice de plusieurs romans young adult chez Hachette Romans - Photo Olivier Dion

Clara Héraut, autrice : « Le young adult n'est pas reconnu à sa juste valeur ! »

À 25 ans, Clara Héraut a publié en juin dernier son quatrième livre, Le tourbillon des possibles (Hachette Romans). Elle livre son regard sur une génération de lectrices biberonnées au young adult, nouvelle vague d'écrivaines en pleine déferlante. 

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Par Pauline Gabinari
Créé le 17.07.2025 à 17h00

Livres Hebdo : Comment êtes-vous arrivée à l'écriture ?

Clara Héraut : C'est venu avec la lecture. Jusqu'à assez tard, je n'avais pas de rapport personnel au livre, je voyais ça comme une activité scolaire. Et un jour, j'ai lu Hunger Games. Le young adult m'a fait aimer lire. Je suis passée de 0 à 100 livres par an ! C'est à partir de là que je me suis mise à écrire. Par la suite, j'ai participé au concours d'écriture Nos futurs, organisé par Hachette Romans. À cette époque-là, j'étais en troisième année d'étude supérieure. Cette expérience m'a donné envie d'écrire sur les violences sexistes et sexuelles. J'ai envoyé mon texte au concours et il est devenu mon premier livre publié, Nos plus belles années

Dans le segment YA, beaucoup d'autrices passent par les concours d'écriture ou les plateformes. Est-ce un passage obligatoire ?

Je ne pense pas que ce soit un passage obligatoire, par contre j'ai beaucoup été aidée par un groupe d'autrices rencontrées sur Instagram. Avec ce groupe, on échange beaucoup sur l'écriture, sur les concours... Cela nous permet de nous informer sur l'actualité du livre. Pour moi, il y a un véritable élan d'autrices en herbe qui s'encouragent, se rencontrent et considèrent que l'écriture n'est pas forcément quelque chose de solitaire.

« Le young adult reste pour certains une culture illégitime, pas très valorisable »

Dans votre dernier livre, Le tourbillon des possibles, comme dans les autres, vous optez pour un cadre loin des clichés américains, ce qui est pourtant l'un des ingrédients principaux du young adult...  

Tout à fait ! Quand j'écris sur le collège ou le lycée, j'essaie toujours d'être la plus juste possible, et les campus américains sont vraiment loin de notre réalité. Quand je suis entrée en études supérieures ma vision de la vie étudiante a été très désenchantée, je trouve que c'est important d'en parler. Ce sont des périodes pleines de rebondissements et de bouleversements. J'ai l'impression qu'on a encore peu de romans qui parlent de ça.

Effectivement, dans Le tourbillon des possibles, la protagoniste a 23 ans. Peut-on encore considérer qu'il s'agit de young adult ?

La ligne est très floue dans ce secteur. Dans mon roman, Léonie a 23 ans, c'est une adulte mais en même temps elle ne se sent pas adulte. C'est comme ça que je fixe les limites du genre. En tant que lectrice, pendant longtemps le young adult m'a fait croire qu'à 18 ans, on avait à peu près trouvé qui on aimait, ce qu'on allait faire après. Mais ce n'est pas aussi évident à trouver. 

Le young adult a parfois été méprisé et considéré par certains comme un sous-genre. Est-ce encore le cas ?

Je pense que le young adult reste pour certains une culture illégitime, pas très valorisable. En festival, on est souvent mises dans des tentes à part et la presse parle très peu de ces livres quand il s'agit de prescription. Pourtant, ce sont des livres qui se révèlent souvent être très riches et assez compliqués à écrire... Vraiment, le young adult n'est pas reconnu à sa juste valeur !

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