Classiques pour tous

"Zola Jackson de Gilles Leroy est typique du rôle de la collection : amener la prescription, grâce notamment à l’appareil pédagogique, sur des textes considérés comme non classiques."Tiphaine Pelé, Flammarion - Photo Olivier Dion

Classiques pour tous

Tout en poursuivant leur travail de refonte et de simplification pour stabiliser le marché, les éditeurs de classiques cherchent de nouveaux leviers de croissance en diversifiant leurs approches et leurs publics.

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Par Cécile Charonnat
avec Créé le 06.02.2015 à 01h03 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Encore en progression en 2013, les classiques ont fait du surplace en 2014. Ce segment affiche, selon GFK, une maigre progression de son activité de + 0,6 % en valeur, une performance au demeurant meilleure que celle de l’ensemble du marché en 2014. De l’avis de l’ensemble des acteurs, elle est le fruit de l’incessant travail opéré depuis 2012 sur les maquettes et les appareils pédagogiques. Simplifiés, recentrés sur l’essentiel de l’œuvre, privilégiant les schémas et les visuels et enrichis d’illustrations et de photos couleurs, ces concepts rénovés visent à faciliter l’accès aux textes et à donner envie en "rendant les contenus attrayants et intelligibles", témoigne Cécile Labro, directrice parascolaire et pédagogie chez Hachette Education, qui lancera en avril la nouvelle mouture des deux collections de la maison, "Bibliocollège" et "Bibliolycée". Portant d’abord sur les meilleures ventes, la refonte répond aux mêmes impératifs, "une gageure parce qu’il faut faire plus percutant avec un contenu allégé", assure l’éditrice.

L’offensive d’Hachette Education vise à regagner des parts de marché, perdues depuis deux ans au profit de Magnard, d’Hatier (le second acteur du marché en 2014), et de Flammarion. Leader avec 19 % des ventes, et une croissance annoncée de 8 % en 2014, la filiale du groupe Madrigall s’apprête à fêter en 2015 les 20 ans de sa collection phare, "Etonnants classiques" (voir encadré ci-contre). A côté de cet événement, Thiphaine Pelé, directrice de la collection, entend continuer à marier les trois ingrédients qui ont assuré son succès : la revalorisation du catalogue, riche de 250 titres ; la publication d’anthologies et de recueils pour répondre aux programmes "un peu vieux" par des biais renouvelés ; et l’acquisition de titres contemporains forts afin de composer une offre audacieuse, incarnée par exemple par Zola Jackson de Gilles Leroy. "Ce livre est typique du rôle de la collection : amener la prescription, grâce notamment à l’appareil pédagogique, sur des textes considérés comme non classiques", analyse Tiphaine Pelé.

Autre acteur en forme du moment, Magnard, qui revendique une croissance de 25 % l’an dernier sur la collection "Classiques & patrimoine", promet pour le printemps une diversification de son catalogue, sans rien vouloir dévoiler. Dans une situation diamétralement opposée, Larousse opte pourtant pour la même stratégie. Après la philosophie, l’acteur historique du segment a tenté en 2014 une incursion dans le champ des BTS. Mais ses recueils, arrivés en juin et en septembre, plus tard donc que ceux de ses concurrents, n’ont pas apporté les résultats escomptés. Les efforts sur ces deux axes seront toutefois maintenus en 2015. Pour se relancer, Carine Girac, directrice du département dictionnaires et encyclopédies, compte aussi sur l’entrée de Jean Giraudoux dans le domaine public et, par conséquent, dans les "Petits classiques". La révision de grands textes anciens, commencée en 2014 avec L’Iliade,L’Odyssée et Tristan et Iseult, devrait contribuer à dynamiser la collection, tout comme les 4 nouveautés, dont deux inédits de Didier Daeninckx et de Gilbert Sinoué, viendront renforcer "Les contemporains, classiques de demain." A côté de la refonte des "Classiques & Cie philo", Hatier mise, comme le reste du secteur, sur l’accompagnement numérique avec la création d’une chaîne sur YouTube qui proposera des extraits de pièces de théâtre.

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