Ce n'est pas nouveau : féminisme, antiracisme et questions LGBTQI+ inspirent les autrices et auteurs de young adult, comme et leur lectorat. Ce qui change ? Les questions LGBTQI+, par exemple, « sont abordées de façon beaucoup plus décomplexée. Souvent c'était un sujet, maintenant ça fait partie d'un ensemble », estime Thierry Laroche, chez Gallimard Jeunesse, citant L'amour c'est pour les loosers, de Wibke Brueggemann, paru en mai. « Il n'y a qu'en young adult que les histoires d'amour homosexuelles sont mises en avant aussi naturellement », affirme Hélène Boudinot, de Castelmore. Elle a publié en mars le deuxième tome de L'empire d'écume, saga fantasy avec une romance lesbienne en intrigue secondaire.
Chez Talents Hauts, l'éditrice Justine Haré constate que les questions sociétales « s'ouvrent aux autres genres de la littérature ». Elle a publié en juin 2021 Les immémorants, de Solène Ayangma, récit de science-fiction avec des personnages homosexuels. Avec respectivement One Last Stop, de Casey McQuiston, et Six mois par an, de Clara Duarte, Lumen et Hachette Romans mélangent romance lesbienne et paranormal.
« Les auteurs mettent plus en scène des personnages LGTBQ+ ou non blancs, résume Elsa Whyte, éditrice chez "R". Ce n'est plus un risque, cela peut même être un argument de vente. » Paru en février chez Nathan, Une belle dose de rage, de l'autrice native-américaine Angeline Boulley, est un thriller sur le trafic de drogue qui ravage une communauté native. Castelmore a publié en 2021 Résistance, récit d'anticipation de Samira Ahmed, américaine née en Inde, qui abordait le racisme vis-à-vis de la communauté musulmane. Des récits « ownvoice » (par des autrices et auteurs concernés) attendus par un lectorat attentif à « une représentation la plus juste possible », constate Flora Guineheuf chez Scrineo. « Aux États-Unis, davantage d'auteurs et autrices racisées écrivent des romans young adult sans être cantonnés aux récits réalistes, remarque Delphine Nguyen chez Akata. Est-ce qu'on ne veut pas voir de tels récits francophones ? »