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C’est en voyant sa voisine se faire livrer par la Fnac "dès les premiers jours de confinement" que Matthieu Saint-Denis, propriétaire de la librairie spécialisée BD Krazy Kat à Bordeaux, a eu l’idée de proposer à ses clients un service de livraison de proximité. Du 23 mars au 11 mai, il a donc sillonné les communes de la métropole bordelaise à pied, en voiture quand la distance dépassait la quinzaine de kilomètres, mais surtout à vélo.

Préféré au retrait en magasin parce qu'en période d’épidémie "il valait mieux qu’une seule personne aille en visiter cent que l’inverse", selon le libraire, la formule a immédiatement rencontré un franc succès. Appuyée par une campagne de communication intense sur les réseaux sociaux, elle a permis à Krazy Kat de conserver un "certain chiffre d’affaires" et d’élargir son cercle de clients. "Beaucoup de gens m’ont découvert grâce à ce service et depuis le 11 mai, j’en vois revenir un bon nombre en magasin", assure le dirigeant.

Ne pas couper l’accès au livre

Dans la roue de Matthieu Saint-Denis, une poignée de libraires ont enfourché la petite reine pour livrer leurs clients pendant le confinement. De Mulhouse (47° Nord) à Rennes (Ariane, la librairie du voyage), en passant par Orange (L’orange bleue) ou Bergerac (La Colline aux livres), avec les moyens du bord et leur propre vélo parfois, la motivation était la même. Celle de "ne pas couper l’accès au livre pendant cette période si particulière", assure Gilles Taillardas de L’Orange bleue.

Si le libraire d’Orange a choisi de stopper le service dès le 11 mai, ses confrères l’ont tous maintenu, le confiant parfois à des coursiers locaux spécialisés dans les livraisons à vélo. "Pour notre clientèle qui a de la peine à se déplacer, cela reste une option intéressante", souligne Baptiste Gros de la Colline aux livres. L’idée lui trottait déjà dans la tête avant le début du confinement et il avait amorcé la machine début mars.

Pour un coût variant entre 2 et 5 euros, la commande à vélo permet de conjuguer service de proximité, rapidité — si les ouvrages sont en stock, les livraisons sont assurées dans la journée ou le lendemain —, volonté écologique et déconfinement en douceur. "Nous avons encore pas mal de clients qui ne veulent pas se déplacer", pointe Anne-Lise Goglins, de la Belle image à Reims, située en zone rouge.

Fédérer les libraires d’une même ville

La formule portée par les libraires nantais réunis au sein de l’association Complices coche toutes les cases. "Nous avons voulu travailler à une meilleure réouverture, n’abandonner personne et répondre à nos exigences de lire plus vert", explique Benoît Albert, président de l’association et dirigeant de la Nouvelle Géothèque.

Depuis le 11 mai, 30 à 40 commandes sont ainsi expédiées dans les communes de Nantes et de Rezé. "Ce qui démontre que le besoin existe", constate le libraire. Autre effet bénéfique, le coup de fouet donné à l’association et "la mise à niveau des libraires" qui n’étaient pas équipés sur le digital. "J’ose penser que dans le futur, c’est un service qui devrait fonctionner", augure Pascal Guilleux de la librairie Ariane, qui aimerait, comme à Nantes, fédérer les libraires rennais autour de son action.

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