"Les hommes ne sont égaux devant rien." Les femmes encore moins. C’est pourquoi la jeune quadra, Laetitia Colombani, leur rend hommage dans un roman qui se veut un hymne à la liberté et à la vie. Celle-ci nous fait parfois tomber, mais il faut trouver la force de se relever. Un chemin semé d’embûches pour Smita, Julia et Sarah. Trois femmes qu’a priori tout oppose, si ce n’est qu’elles osent prendre leur destin en main. Fataliste, la première accepte son sort de Dalit, un statut d’Intouchable qui va de pair avec le métier "héréditaire" de "scavenger, extracteur" d’excréments.

Smita déteste "cette société qui écrase ses faibles, ses femmes, ses enfants, tout ceux qu’elle devrait protéger". Pour sa fille de 6 ans, elle fait un rêve fou : l’envoyer à l’école pour briser le sceau maudit et lui offrir d’autres opportunités dans la vie. Mais la fillette indienne est stigmatisée et brimée dès le premier jour. Peut-on vraiment échapper à sa condition ? La Sicilienne Julia ne se pose pas la question. A 20 ans, elle suit les traces de son père en travaillant dans l’usine familiale de traitement de cheveux. Les Lanfredi sont très respectés, mais un accident vient tout briser.

Alors que son père est dans le coma, Julia découvre qu’il cachait de terribles dettes. L’atelier étant menacé, devra-t-elle renoncer à son avenir et à son amour pour le mystérieux Kamal ? Quant à Sarah, elle vit à Montréal. Cette avocate carriériste, doublement divorcée et mère de trois enfants, est l’incarnation de la wonder woman. Son ascension est toutefois freinée par un cancer. Comment mener une lutte en solitaire ?

Refusant d’abdiquer, les trois héroïnes de ce roman sont d’admirables amazones. L’éditrice Juliette Joste a du flair pour dénicher des best-sellers. Après le succès de Gaël Faye, elle réitère avec ce premier roman, acheté par plus de quinze pays (Allemagne, Italie, Russie, Corée ou Israël…). Née à Bordeaux en 1976, Laetitia Colombani est réalisatrice, actrice et scénariste. Son écriture ainsi que le découpage de son livre se révèlent cinématographiques. Elle entrelace trois existences pour former une tresse, pleine de détresse, de force et d’espoir, rappelant que "la religion sikhe considère qu’une femme a la même âme qu’un homme". K. E.