20 mars > Roman France

Bien sûr, les centaines de milliers de lecteurs qui ont adoré La liste de mes envies, le best-seller international paru chez Lattès en 2012, avaient envie qu’il poursuive dans la même veine bonhomme et tendre, morale mais tout en finesse. Il le fait, dans une certaine mesure, avec La première chose qu’on regarde. On y retrouve son univers, celui de gens simples du Nord de la France, pris un peu malgré eux dans une histoire extraordinaire, incroyable, qui va bouleverser leurs vies. Mais la tonalité, ici, est plus sombre, et grave la parabole qui traite de l’identité, de la vanité des apparences devenue le credo de notre bête époque, de la difficulté de construire une relation sincère entre deux êtres et du destin qui bascule sans prévenir.

L’histoire, pourtant, commence comme dans un conte de fées. Un matin de septembre 2010, le beau et tendre Arthur Dreyfuss, 20 ans, puceau, ouvrier-garagiste à Long, en Picardie, voit sonner à sa porte Scarlett Johansson en personne. Laquelle lui confie qu’elle a profité d’un festival de cinéma pour « disparaître quelques jours », afin d’« être une fille comme les autres, une fois dans [sa] vie ». Naturellement, le garçon craque, lui ouvre sa maison et son cœur et, durant six jours, ils vont mener une existence de couple, avec l’assentiment de PP, le patron sympa du garage, qui octroie à son employé quelques congés, lui prête une voiture (modeste) de courtoisie, afin qu’il emmène sa star en balade. C’est l’occasion, pour Grégoire Delacourt, natif de Valenciennes, de nous convier à un mini road-movie dans sa région : Amiens et son gourmand Relais des Orfèvres, Abbeville, où est internée la mère d’Arthur, Saint-Omer, où la tante de Scarlett est bibliothécaire… Ah oui, au fait : Scarlett Johansson s’appelle en vrai Jeanine Foucamprez, elle est mannequin itinérant chez Pronuptia, et elle a craqué, en traversant Long, sur le beau gosse qui ressemble à Ryan Gosling, mais en mieux ! Pour lui, ça ne fait aucune différence. Il la fait teindre en brune et l’aime tout autant. Clin d’œil : la tante le prend pour Arthur Dreyfus, avec un seul « s », le jeune et brillant auteur de La synthèse du camphre, son premier livre qui venait de paraître au moment où se situe le roman.

Tout semble donc aller pour le mieux, et l’on finit par croire possible cet amour improbable entre deux cabossés de la vie qui savourent leur bonheur tranquille. Mariage en vue et happy end ? Que nenni. Car un jour, sans le faire exprès, Arthur, qui a enfin jeté sa gourme, appelle la femme de sa vie « Scarlett », erreur fatale qui va déclencher une série de catastrophes…

On retrouve aussi, dans La première chose qu’on regarde, toute l’empathie de Grégoire Delacourt pour le genre humain, son humour décalé nourri de références cinématographiques, son talent singulier. Reste à savoir si ce nouveau roman aura le même succès que La liste de mes envies.

J.-C. P.

 

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