« Méli-mélo »
de souvenirs


En nous beaucoup d'hommes respirent tient à la fois de la saga, du roman d'amour, de l'autoportrait et de la profession de foi. Marie-Aude Murail explore l'histoire de sa famille, celle dont elle est issue, et celle qu'elle a construite avec son mari, Pierre, épousé à 20 ans, avec qui elle a eu trois enfants. Dans la fratrie Murail, Marie-Aude est la numéro 3 : Tristan, l'aîné, est musicien compositeur, Lorris et Elvire alias Moka, avec qui elle a cosigné à six mains la série Golem (Pocket, 2002), sont les deux autres écrivains de ce clan d'artistes.

C'est en 2010, à la mort de leur père, le poète et journaliste Gérard Murail, en vidant l'appartement de leurs parents, rue de Bretagne à Paris, où après Le Havre le couple vivait depuis 1962, qu'elle a commencé à mettre le nez dans la mémoire familiale. Installée depuis peu dans l'ancien atelier de son père dans la campagne des bords de Loire, elle a entrepris de trier ces documents exceptionnels - la correspondance de ses grands-parents maternels Raoul et Cécile en 1914 et de ses parents vingt ans plus tard, des albums légendés, des journaux intimes... -, et de donner forme à ce « méli-mélo » de souvenirs. « Au départ, je n'avais pas de projet éditorial en vue, je voulais seulement donner la parole aux disparus pour la transmettre à mes enfants. »

Le chantier est long. A l'occasion des rencontres avec ses jeunes lecteurs, elle en profite pour leur raconter des bribes de ce roman familial. Elle a déjà écrit près de 300 pages quand Julia Pavlowitch, de L'Iconoclaste, à qui elle montre lettres manuscrites et photos, l'encourage. Durant tout un été, Marie-Aude Murail envoie à l'éditrice son manuscrit sous forme de feuilleton, par la poste. Puis élague beaucoup, avec un argument en tête, le seul imparable à ses yeux : « l'intérêt du lecteur ». Elle qui écrit depuis le début « pour être
lue
» cherche toujours l'émotion avec cette sincérité qui est sa marque, avec l'humour qui prévient les épanchements et protège la pudeur.

Création continuelle

A la fin du récit, elle retranscrit des extraits du journal qu'elle a tenu quand elle avait 17 ans. A la jeune fille exaltée qui écrivait : « Je veux savoir toute ma vie dire non à la contrainte, à la facilité, à la vulgarité, à la routine, à l'embrigadement, à la dépoétisation de la vie quotidienne. Non à l'habitude de vivre. Oui au changement, à la création continuelle, au paradoxe », la Marie-Aude d'aujourd'hui répond : « Le beau manifeste ! J'y souscris. »

Marie-Aude Murail
En nous beaucoup d’hommes respirent
L’Iconoclaste
Tirage: NC
Prix: 20 euros, 430 p.
ISBN: 978-2-37880-022-2

En dates

1954

Naissance
au Havre

1984

« Passage », premier roman (Favre)

1989

« Baby-sitter blues » (L'Ecole
des loisirs)

2000

« Oh, boy ! » (Bayard), adapté
à la télévision et
au théâtre

2008

Méthode de lecture « Bulle » (Bordas)

2016

« Sauveur & fils » saison 1 (L'Ecole des loisirs)

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