Elle s’est presque étonnée qu’on ne lui ait pas encore posé la question. Pourtant, pour Edmonde Charles-Roux, l’affaire est entendue.

Comme elle l’a déclaré à Livres Hebdo mercredi, elle appliquera à elle-même la règle des 80 ans, récemment instituée par l’académie Goncourt. Rappel des faits : lors du déjeuner mensuel du jury, qui s’est tenu mardi 6 février, une limite d’âge pour le droit de vote a été adoptée.

Au-delà de 80 ans, les jurés deviennent automatiquement membres honoraires. Bien que la mesure ne concerne que les nouveaux membres de l’académie, l’actuelle présidente du jury a estimé qu’elle pouvait également participer à ce qu’elle appelle « le rajeunissement des cadres », en quittant la fonction qu’elle occupe depuis 2002.

Elle ne partira cependant pas avant que « tout soit en ordre ». Il faudra notamment que soient pourvus les deux fauteuils vacants : celui de François Nourissier (80 ans), qui a fait ses adieux le mois dernier, et celui de Daniel Boulanger (85 ans), qui a demandé mardi à bénéficier de l’honorariat.

Outre les interrogations sur les successeurs des jurés partants, et en particulier sur celui d’Edmonde Charles-Roux, des questions se posent sur ce que feront les trois autres jurés octogénaires : la mesure adoptée n’étant pas rétroactive, ils ne sont nullement tenus de partir.

S’il est difficile de présager de la décision de Michel Tournier, en retrait pour raison de santé, il ne serait pas improbable de voir Jorge Semprun emboîter le pas à Edmonde Charles-Roux. C’est lui en effet qui est à l’initiative de cette mesure, ouvrant le débat sur l’âge des jurés en décembre dernier.

Débat au cours duquel Robert Sabatier, le troisième octogénaire, avait écarté la question de l’âge, lui opposant « la condition physique et intellectuelle ».