19 AOÛT - PREMIER ROMAN Inde

Depuis Gandhi, les intouchables n'existent plus. On les appelle "dalits", c'est-à-dire "enfants de Dieu". Et les castes, dont leur basse extraction les excluait, ont été supprimées par Nehru, premier Premier ministre de l'Inde libre. Mais tout cela demeure théorique. Dans la réalité, le système des castes régit encore le pays et les relations sociales, dont le mariage, sujet capital en Inde ! Entre les dalits, qui ont maintenant accès à l'éducation et à des emplois réservés grâce à un système de quotas (très contesté), et les brahmanes, qui ont perdu une partie de leur pouvoir, bien des fossés demeurent. C'est ce conflit entre ex-intouchables et brahmanes qui sous-tend le roman du journaliste Manu Joseph, lequel a remporté un joli succès international.

Les savants se situe à Bombay, à l'Institut de théorie et de recherche, où cohabitent de très brillants esprits - tous des brahmanes -, dont le grand patron Arvind Acharya, avec de simples employés, dont Ayyan Mani, le héros, son secrétaire et factotum depuis de longues années. Ayyan, sa femme, Oja, et leur fils, Adi, sont des dalits originaires du Tamil Nadu, qui vivent chichement. L'épouse semble résignée à la médiocrité de son karma, et elle aimerait bien pouvoir laisser tomber le bouddhisme pour réintégrer la religion de ses ancêtres, l'hindouisme. Mais son mari, lui, s'y oppose. Toutes ces années au service de brahmanes qui le méprisent lui ont aigri le caractère. Il n'a plus qu'une double obsession : se venger et élever son fils le plus haut possible dans la société. Adi, pour sa part, est un brave gamin de dix ans, un peu rêveur, élève très moyen si ce n'est qu'il a une bonne mémoire et qu'il aime bien les chiffres. Il n'en faut pas plus pour que le père monte de toutes pièces une machination démente fondée sur des supercheries et tricheries successives et de plus en plus énormes. Il parvient un temps, n'hésitant pas à semer une pagaille noire autour de lui, à faire passer son fils pour un génie, un futur Prix Nobel, et à l'inscrire au concours d'entrée du prestigieux institut.

Tout cela est extrêmement indien, farfelu et touffu, débordant de gags, de personnages et d'intrigues rocambolesques. Les caractères sont attachants, très humains, et le contexte historique bien intégré à la trame romanesque.

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