Concentration

Etats-Unis : début du procès contre l'acquisition de Simon & Schuster par Penguin Random House

La E. Barrett Prettyman Federal Courthouse, à Washington, où s'est ouvert le procès début août - Photo Wikimedia Commons

Etats-Unis : début du procès contre l'acquisition de Simon & Schuster par Penguin Random House

Aux Etats-Unis, le gouvernement a porté en justice le rachat de l'éditeur Simon & Schuster par son rival Penguin Random House, qui créerait un géant contrôlant la moitié du marché de l'édition. Les plaidoiries ont débuté le 1er août.  

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Par Pierre Georges,
Créé le 02.08.2022 à 15h20

Alors qu'en France Vivendi vient d'annoncer son projet de se séparer d'Editis pour pouvoir acquérir Lagardère et donc Hachette, un procès, intenté par le ministère de la Justice américain et visant à empêcher l'acquisition du groupe d'édition Simon & Schuster par son rival Penguin Random House, s'est ouvert lundi 1er août. Les plaidoiries, qui se tiennent à Washington, devraient durer 3 semaines et ont pour but pour le gouvernement américain de bloquer cette fusion qui créerait un géant de l'édition écrasant le marché. 

Lire : Vivendi veut renoncer à Editis pour gagner Lagardère

Le 25 novembre 2020, Bertelsmann, maison mère de Penguin Random House, était devenue l'enchérisseur gagnant pour racheter l'éditeur Simon & Schuster, pour un montant de 2,175 milliards de dollars. Le 2 novembre 2021, le ministère américain de la Justice a intenté une action en justice pour bloquer l'acquisition. Les documents finaux des deux parties, gouvernement d'un côté Penguin de l'autre, ont été déposés le 24 juillet. 

Selon les documents rendus publics par la cour fédérale américaine, 72 heures au total sont allouées à l'exposition des arguments, 38 heures pour le gouvernement américain, 34 heures pour la défense. Les listes de témoins comprennent les P-DG des principaux éditeurs américains, certains agents littéraires majeurs, où encore l'écrivain Stephen King, répertorié comme témoin du gouvernement américain. 

Il s'agit d'un procès d'une grande importante pour une industrie de l'édition américaine en proie avec la consolidation depuis des années, mais aussi pour le gouvernement américain, au milieu des appels à une application plus stricte des lois anti-trust. 

Concentration du marché : deux visions qui s'opposent 

"Le procès d'acquisition de Simon & Shuster par Penguin Random House renforcerait davantage le plus grand géant de l'édition aux Etats-Unis (et dans le monde) et donnerait à la société fusionnée le contrôle de près de la moitié du marché", peut-on lire dans le dossier du gouvernement américain, qui dénonce surtout la taille du futur éditeur mais veut aussi défendre les auteurs. Si la fusion allait à son terme, elle "éliminerait la concurrence entre deux des derniers grands éditeurs restants", entrainant "des auteurs moins payés pour leurs efforts et moins d'auteurs pouvant gagner leur vie en écrivant". Ceci avec "une influence démesurée sur ce qui est publié, et sur les salaires des auteurs", en violation de l'article 7 de la loi américaine contre l'anti-trust. 

Si Penguin Random House était autorisé à acquérir Simon & Schuster, la société créée serait de loin le plus grand éditeur de livres aux Etats-Unis, avec des revenus supérieurs au double de ses concurrents les plus proches (Hachette Book Group, HarperCollins et Macmillan), d'après la plainte déposée par le gouvernement américain. 

Lire : Le classement des 20 premiers éditeurs américains

De leur côté, les avocats de Penguin rétorquent que la transaction stimulera le marché, créant "des gains d'efficacité qui permettront à l'entité combinée de faire de meilleurs offres à davantage d'auteurs" et "incitera les autres éditeurs à plus de concurrence pour acquérir des livres dont ils ont également besoin pour gagner des ventes", d'après l'avocat principal de Penguin, Daniel Petrocelli. dans une déclaration publique, il ajoute : "'le procès du ministère de la Justice méconnaît cette dynamique concurrentielle et bien d'autres. Comme le montrera le procès, cette acquisition profitera aux lecteurs, aux libraires et aux auteurs". Les avocats de Penguin affirment aussi que la thèse du gouvernement "méconnait les éléments les plus fondamentaux du marché des droits de livres". Et citent enfin la fusion, en 2013, de Penguin et Random House qui, d'après eux, a "considérablement développé" le marché américain du livre, intensifiant la concurrence pour acquérir des droits et permettant aux petits éditeurs de "gagner des parts de marché face aux Big Five". 

 

 

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