Selon les données du Börsenverein publiées mi-juillet, la branche du livre a confirmé sa position de premier secteur sur le marché des contenus en Allemagne en 2024, avec une progression de 1,8% en valeur, à 9,882 milliards d’euros, dans un contexte inflationniste calculé à 2,2%, selon Statistisches Bundesamt (Destatis).

Depuis 2019, le marché affiche une progression cumulée de 6,4%. Mais l’association des éditeurs allemands note un ralentissement au premier semestre 2025, avec un recul du chiffre d'affaires de 3,3%. Celui-ci résulte d'une baisse des volumes de 6,1% partiellement compensée par une hausse des prix de 2,9%, selon l'organisme professionnel. « Le climat de consommation reste faible avec une forte propension à l'épargne des ménages », a commenté Peter Kraus, directeur général du Börsenverein, lors d’une présentation des chiffres à la presse, le 10 juillet.  

La fiction domine, la jeunesse progresse

Malgré une baisse globale de 2% du nombre d’acheteurs, l'analyse démographique révèle néanmoins un phénomène particulièrement encourageant : les 16-19 ans ont augmenté leurs achats de 9,6 % et les 20-29 ans de 7,7 %. En outre, l’association note une « intensification des achats des lecteurs fidèles » et « l'intérêt croissant des jeunes générations pour la lecture », selon Karin Schmidt-Friedrichs, présidente du Börsenverein. 

La fiction maintient sa domination avec 36,6% du marché en valeur (+4,3% sur un an et 3,4% en volume), soit plus du tiers des ventes. Le segment jeunesse occupe la deuxième position avec 18,1% de parts de marché (+0,6%).

Quatre segments affichent une croissance significative par rapport à 2019 : la fiction (+22,3%), la jeunesse (+8,8%), les manuels scolaires (+6,3%) et les essais (+3,8%). 

Concernant les canaux de vente, les librairies traditionnelles (sans e-commerce) conservent la première place avec 41,3% du marché (4,08 milliards d'euros, +0,6%) tandis que l'e-commerce représente désormais 25,4% des ventes (2,51 milliards d'euros, +4,4%).

Les ventes directes des éditeurs aux entreprises et institutions pèsent 18,5% du marché (1,83 milliard d'euros, +2,5%), tandis que les autres circuits de distribution totalisent 14,8%.

Traductions se stabilisent

Les éditeurs allemands ont publié 58.346 nouveautés en 2024, soit une baisse de 3,1%. Cette tendance baissière s'observe depuis 2019, où 70.395 nouveautés avaient été lancées.

La fiction représente 18% de la production de nouveautés malgré un recul de 5,5%. La jeunesse affiche en revanche une légère progression de 1,2% et pèse 13% des nouveautés.

Le nombre de traductions vers l'allemand se stabilise à 8.756 titres en 2024, représentant 15% de la production totale. Les langues sources principales demeurent l'anglais, le japonais et le français. Dans la fiction, 25,2% des nouveautés sont des traductions, 23,9% en jeunesse.

Les ventes de droits étrangers rebondissent de 2,2% à 6.669 titres après deux années de recul. La Chine, l'Italie et la République tchèque constituent les principaux marchés acquéreurs. La jeunesse domine les exportations de licences (38,9%) devant la fiction (23,2%).

Le nombre de librairies en baisse

Le livre numérique stagne à 6,1% du marché avec 3 millions d'acheteurs réguliers. La croissance ralentit nettement (+2,2% en 2024) après plusieurs années d'expansion.

Le livre audio affiche en revanche une dynamique soutenue (+12,5% en valeur). Le streaming représente 43,4% du segment (+77,8% par rapport à 2019), le téléchargement 49,2% (+8% sur cinq ans). Le support physique s'effondre à 7,4% (-71,3% depuis 2019). Le marché compte 3,4 millions d'auditeurs réguliers de livres audio numériques.

Malgré ces résultats positifs, le secteur fait face à des défis considérables. La profession identifie plusieurs enjeux majeurs : régulation de l'intelligence artificielle générative, protection du droit d'auteur face aux oligopoles numériques, réduction des charges bureaucratiques et soutien aux éditeurs pour préserver la diversité éditoriale. La baisse de fréquentation des centres-villes pèse sur le réseau de librairies traditionnelles, qui compte 4 500 librairies actives (contre 5 300 il y a quinze ans).