Comme le disait Lavoisier, "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Pourtant, dans le foisonnement des initiatives éditoriales qui se succèdent, s’additionnent, se complètent, se croisent ou se substituent au fil du temps sur les tables des libraires, certaines marquent particulièrement leur époque avec laquelle elles se révèlent totalement en phase. Elles rencontrent un succès immédiat, puissant et durable. Elles suscitent des émules et des concurrents, plus ou moins originaux.
Créée par les Presses universitaires de France dans le contexte pour le moins troublé de 1941, "Que sais-je?" a été faite de ce bois-là, dont Livres Hebdo a voulu explorer la matière. La série sur "Six collections qui ont marqué l’édition", dont nous entamons la publication cette semaine, ne vise pas tant un retour nostalgique que la compréhension des lignes de force qui peuvent contribuer, à un moment donné, à un renouvellement éditorial, à la transformation de l’édition, et peut-être plus.
Sans être mécaniquement transposables, certaines expériences portent des leçons qui les dépassent, et c’est aussi le cas des librairies qui se multiplient dans le monde rural. Affichant un chiffre d’affaires modeste, obligées à une diversification de leur offre qui rappelle celle de l’épicerie de village ou du magasin général des années 1950 ou 1960, elles font parfois sourire et peinent à obtenir les soutiens dont bénéficient les librairies des villes. Pourtant, alors qu’elles participent d’une extension nécessaire du domaine du livre sur le territoire, les défis auxquels elles sont confrontées leur confèrent un rôle de laboratoire.
Les librairies des campagnes n’explorent pas seulement les champs de betteraves, mais aussi, par nécessité vitale, ceux de l’intégration dans le tissu social local, de la fidélisation de la clientèle, de la vente hors les murs, des partenariats culturels et commerciaux, du travail en réseau… Autant d’enjeux auxquels font face bien d’autres librairies de plus grande dimension.
