Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi 20 novembre à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien « plus que compliqué ».
« Il nous apparaît plus que compliqué d'organiser le maintien de l'édition 2026 », sans les éditeurs et des auteurs, a annoncé le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont lors d'une conférence de presse des collectivités locales et d'un représentant de l’État, qui financent l’événement à hauteur de 50 %. « Ce sont les auteurs et autrices, avec leurs maisons d'édition, qui font le festival. Sans eux et sans festivaliers, pas de festival et sans festival, pas de subvention publique », a ajouté l'élu.
Crise de gouvernance
« Nous demandons donc à l'association du FIBD (propriétaire de l'événement) et à l'organisateur (la société 9e Art + de tirer les conclusions que cette réalité impose », a-t-il expliqué, assurant « se mettre en ordre de marche » pour trouver « un nouvel opérateur » afin d'organiser l'édition 2027.
L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes, à l'instar de la lauréate du Grand Prix 2025, Anouk Ricard.
Anticipant la demande des financeurs publics, la présidente de l'Association du FIBD Delphine Groux, qui a déjà été écartée, avec le patron de 9e Art + Franck Bondoux, de la direction du festival à partir de 2028, a par ailleurs adressé jeudi matin un courrier aux membres de l'association. Elle y affirme que l’annulation du festival en 2026 serait une « catastrophe » pour la ville d’Angoulême et assure avoir « traité en toute loyauté, respect et impartialité les cinq dossiers reçus des candidats ». « Notre décision de retenir les deux candidats finaux a été prise à l’unanimité en présence de notre avocat / conseil qui nous a accompagnés tout au long du processus », complète-t-elle. Delphine Groux, qui défend son bilan, indique aussi avoir reçu des insultes et des menaces de mort.
Le ministère de la Culture toujours favorable au maintien en 2026
Le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait déjà estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait « plus se tenir », en dépit de la nouvelle gouvernance proposée par les partenaires publics pour l'organisation future de l'événement.
Le ministère de la Culture avait cependant appelé mercredi à maintenir la 53e édition prévue du 29 janvier au 1er février prochains. Contacté jeudi par l'AFP après l'annonce faite à Angoulême, il a maintenu cette position.
Depuis la dernière édition du festival en janvier dernier, la société 9e Art + est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d'une salariée après son dépôt d'une plainte pour viol.