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Floréal Sanagustin : « Le prix Sheikh Zayed est fait pour mettre la culture arabe au diapason mondial »

Floréal Sanagustin, professeur de langue et civilisation arabes à l'ENS Lyon à Abu Dhabi - Photo ©ED

Floréal Sanagustin : « Le prix Sheikh Zayed est fait pour mettre la culture arabe au diapason mondial »

Membre du conseil scientifique du prix remis ce mardi à la Foire du Livre d’Abu Dhabi (Emirats arabes unis), l’universitaire déplore le manque d’impact de la distinction en France.

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Par Éric Dupuy à Abu Dhabi ,Emirats Arabes Unis
Créé le 30.04.2024 à 17h44

Un roman historique sur l'Égypte, une étude sur le passé islamique de l'Espagne et une traduction en arabe d'un philosophe italien du XVIIe siècle sont quelques-uns des lauréats des Sheikh Zayed Awards dont les récompenses ont été remises ce mardi 30 avril dans la capitale émiratie, en marge de la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi (ADBF). Professeur de langue et civilisation arabes à l’Université et l’Ecole normale supérieure de Lyon, Floréal Sanagustin est membre du conseil scientifique du prix, comme le directeur allemand de la Foire de Francfort Júrgen Boos. Il évoque l’évolution de la récompense et son impact à l’international.

Lire : Les lauréats des Sheikh Zayed Book Award 2024

Livres Hebdo : Vous êtes au conseil scientifique de ce prix prestigieux pour le monde arabe, comment évolue-t-il ?

Floréal Sanagustin : Ce prix est là pour faire connaître la culture arabe et la faire évoluer pour la mettre un peu au diapason des cultures mondiales en honorant des jeunes chercheurs. Nous couvrons à la fois le champ purement littéraire, avec le prix du jeune auteur, de l’écriture... et le champ de la recherche scientifique. Malheureusement son impact en France malgré quelques articles de presse n'est pas énorme, alors qu’il grandit ailleurs avec notamment cette année un record de retombées presse avec plus de 4 000 citations à travers le monde, a rappelé le président du prix, le docteur Ali Bin Tamim. Il y a eu l'Institut du monde arabe qui a obtenu le prix de la personnalité culturelle de l'année, il y a 4 ou 5 ans (en 2018, ndlr) ce qui a donné un certain retentissement au prix et l'année dernière, un colloque y a été organisé sur l'impact de la traduction d'ouvrages arabes en français sur le public francophone. Mais bon il y a encore du chemin à faire…

Cette année, le prix en littérature jeunesse n’a pas été remis. Pourquoi ?

Il n’a pas été octroyé parce que nous avons des exigences en termes de qualité évidemment et d'impact sur le public. Lorsque les candidatures ne sont pas à la hauteur dans l’une des dix catégories que nous avons, nous n’octroyons pas de prix.

Ce prix est remis en marge de la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi, désertée par les éditeurs français. Comment selon vous leur donner l’intérêt d’y revenir ?

C’est regrettable car c’est un rendez-vous qui grandit chaque année. Ali Bin Tamim a évoqué dix nouveaux pays présents à la Foire pour cette 33e édition. Alors il n’y a pas non plus les américains ni les anglais… Ce sont essentiellement des pays arabes ou musulmans, il y a par exemple l’Ouzbekistan, la Birmanie… Enfin cela représente un tiers de la planète quand même… Et moi quand je vais dans ces foires arabes, à Alger, au Caire par exemple, je vois une soif de lecture des peuples arabes, pour des livres de philosophies, historiques et pas forcément religieux… Pourtant il y aurait de la place pour certains éditeurs comme Simbad d’Actes Sud, l’Harmattan, Karthala, Geuthner… Il faudrait au moins au niveau universitaire renforcer le pôle de recherche car nous avons très peu de spécialistes, et puis réaliser un colloque à l’IMA sur le prix Cheikh Zayed pour le faire connaître en France… 

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