Installées à Eckbolsheim, près de Strasbourg, les Éditions religieuses du Signe, ont été placées en redressement judiciaire par le tribunal de Strasbourg en mars 2025. Un appel d’offres a alors été lancé pour trouver un repreneur, débouchant le 21 juillet sur une proposition commune des Éditions Salvator et de la famille Riehl, qui fonda la maison du Signe en 1987.
Le tribunal a validé cette offre et acté la reprise immédiate de la majorité des actifs (fonds de commerce, stocks, etc.) par une nouvelle société rattachée à Salvator, Theoeditions, qui a été constituée spécifiquement à cet effet. Le processus administratif étant désormais finalisé, l’acte de cession a été signé.
Une reprise partielle, pas une acquisition directe
Comme le précise Pierre Chausse, directeur général des Éditions Salvator interrogé par Livres Hebdo, il ne s’agit pas d’un rachat de la société Éditions du Signe par Salvator, mais d’un transfert d’activités vers une nouvelle entité.
Sur les 14 salariés que comptait la maison, cinq ont été repris chez Theoeditions. Concernant le nom, la nouvelle identité est encore à l’étude, comme le précise David Riehl, codirigeant et héritier de la maison : « Nous envisageons de changer de nom pour mieux différencier les deux structures, explique-t-il à Livres Hebdo. Le Signe Éditions permettra d’éviter la confusion avec l’ancienne entité. »
Des difficultés financières majeures
Les Éditions du Signe ont traversé ces dernières années de graves difficultés financières, en grande partie dues à la crise sanitaire. « Pendant deux années de pandémie, nous avons enregistré une perte d’environ 2,5 millions d’euros. Il nous était impossible d’intervenir sur place aux États-Unis, et même après l’assouplissement progressif des restrictions, les déplacements restaient complexes », explique David Riehl.
En effet, la moitié des publications du Signe s’adressent au marché américain, un territoire jusqu’ici peu couvert par les éditions Salvator. Il est aussi à noter que la maison collabore également avec quelques diocèses américains sur leurs ouvrages.
À cette situation s’est ajoutée une flambée des coûts énergétiques, aggravée en 2022 par la guerre en Ukraine : « Notre entrepôt, de grande taille, exige un contrôle rigoureux de l’humidité et de la température. Résultat : nos factures sont passées de 40 000 à 180 000 euros en seulement un an. »
Face à ces défis, l’éditeur s’est tourné vers de nouveaux partenaires : « Les éditions Salvator envisageaient d’abord de diffuser nos ouvrages. Nous avons rapidement mis en évidence de fortes complémentarités, notamment entre leur expertise logistique et notre expérience éditoriale. »
L'implantation du Signe par-delà l'Atlantique, développée depuis vingt-cinq ans par David Riehl, représente aussi « une opportunité de croissance à l’international pour l’ensemble du groupe » souligne Pierre Chausse.
Une alliance éditoriale avec autonomie préservée
Theoeditions est détenue à 51 % par les Éditions Salvator (contre 49 % pour la famille Riehl), ce qui en fait l’actionnaire majoritaire. Les éditions du Signe intègrent donc le groupe Salvator, lui-même partie prenante de Première Partie depuis 2022, un groupe plus large opérant dans le domaine culturel et religieux.
Malgré cette reprise, l’autonomie éditoriale de la nouvelle maison est préservée. Les deux structures restent complémentaires : Salvator centré sur la spiritualité et la réflexion catholique, tandis que Le Signe Éditions poursuit une ligne plus orientée vers la jeunesse, la bande dessinée historique et les ouvrages à vocation patrimoniale.
David Riehl explique : « Mon père, compte tenu de son âge, doit être ménagé. J’ai donc recherché un partenaire solide pour assurer la continuité de notre activité. » Diffusée et distribuée jusqu’alors par MDS, la maison déplorait un partenariat peu viable, le groupe comptant un grand nombre d’éditeurs dont certains concurrents directs.
Une concentration éditoriale
Interrogé sur la concentration de l’édition religieuse en France, le président de Salvator éditions, souligne : « Dans un secteur éditorial fragilisé par la hausse des coûts de fabrication et la difficulté à les répercuter sur les prix, cette opération s’inscrit dans une tendance de mutualisation des ressources. » En outre, il ajoute : « Ce que l’on observe dans plusieurs groupes, c’est que les marques parviennent à préserver leur identité propre tout en tirant parti de la puissance du collectif. »
Quant à la ligne éditoriale de la nouvelle structure, David Riehl partage également son optimisme : « Les éditions Salvator n’ont aucun intérêt à interférer avec notre ligne éditoriale, c’est notre point fort. »