Forum : pour Markus Dohle, "big is bad"

Markus Dohle - Photo Olivier Dion

Forum : pour Markus Dohle, "big is bad"

Une leçon d’optimisme : lors de la rencontre le 9 octobre à Francfort autour du classement annuel Livres Hebdo de l’édition mondiale, le P-DG de Penguin Random House a présenté le premier groupe mondial de littérature générale comme une somme de petits artisans au service de la création.

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Par Anne-Laure Walter
avec Créé le 18.10.2013 à 15h01 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Pour sa première conférence publique mercredi 9 octobre, à Francfort, Markus Dohle, le P-DG du nouveau groupe d’édition Penguin Random House (PRH), a séduit l’auditoire, composé de près de trois cents professionnels. Ce forum était organisé par les magazines partenaires du classement annuel Livres Hebdo de l’édition mondiale (1), en coopération avec la Frankfurt Academy. Répondant d’une façon vivante, mêlant humour et formules chocs, aux questions des journalistes de la presse professionnelle, l’Allemand de 45 ans, jusqu’alors très discret dans les médias, a dès le lendemain fait la Une de tous les quotidiens distribués dans la foire. Il a même fait l’objet d’une chronique dans The Bookseller Daily at Frankfurt, titrée « Magic Markus » - en référence au film de Steven Soderbergh sur le strip-tease masculin avec Channing Tatum -, dans laquelle l’agente Daisy Frost raconte comment, pendant cette conférence, elle a fantasmé sur le couple qu’ils pourraient former, étrennant sur son carnet de notes sa nouvelle signature, « Mrs Daisy Dohle ».

Le 9 octobre, Markus Dohle, le P-DG allemand de Penguin Random House, répond aux questions des journalistes de la presse professionnelle internationale.- Photo OLIVIER DION

Mais au-delà de l’opération séduction, le but de la rencontre était d’expliquer la stratégie du nouveau numéro un mondial de l’édition généraliste constitué en juillet 2013 par la fusion de Random House, la branche édition du géant allemand des médias Bertelsmann, avec Penguin, la filiale généraliste de Pearson. Une stratégie qui, étant donné la taille du groupe, qui publie 14 000 nouveaux titres par an, aura un impact sur le marché mondial. Markus Dohle a d’abord décrit ce poids lourd de l’édition comme « deux communautés de petites et moyennes maisons qui vont se fondre en une seule grande », aimant à présenter PRH comme une somme de petits artisans, 250 maisons quand même, au service des auteurs. Car selon lui, « big is bad » dans le domaine de la création. « Mais cette organisation nous permet aussi, dans un marché où il faut miser sur l’innovation, de l’appliquer à grande échelle et de mettre cette grosse machine en œuvre pour que les auteurs et leurs livres touchent les lecteurs. »

Markus Dohle s’est à plusieurs reprises réjoui de la réunion de ces « marques trophées » que sont Penguin et Random House. « Dans notre travail, cette fusion n’a rien changé et nous avons réussi, à l’issue de ce premier trimestre ensemble, à ce que le changement se fasse en douceur, que l’atterrissage soit tranquille, a-t-il précisé, minimisant l’onde de choc qu’est la création d’un supergéant international. Nous ne voulions pas perturber le travail de nos équipes. »

L’innovation est la clé du développement du groupe. Mais, « aujourd’hui, 80 % du chiffre d’affaires de l’édition provient du livre physique et 20 % du numérique, a-t-il rappelé. Le print sera toujours le cœur de notre travail, qu’il représente 60 % du marché ou 50 % ou 40 %. Nous continuerons à investir dans l’édition papier. »

La nouvelle croissance.

Plein d’optimisme sur l’avenir du secteur, Markus Dohle a évoqué les marchés ciblés par PRH : « Le domaine hispanophone est notre priorité ainsi que le Brésil, où Penguin est déjà bien implanté. Nous travaillons aussi en Asie, mais la stratégie en Chine est différente et nous en sommes plus au stade d’apprentissage de la culture locale. » Quant au marché européen : « Il est mature et vous devriez être optimistes, a-t-il lancé. Car aujourd’hui, la stabilité, c’est la nouvelle croissance ! »

Interrogé par Livres Hebdo sur les nouveaux acteurs du marché que sont Google, Apple ou Amazon, il est resté très consensuel, louant la saine compétition et les nouveaux modèles qu’ils ont apportés à l’édition. Répondant à la sortie de l’agent Andrew Wylie qui, dans une interview accordée au magazine The New Republic, exhortait les éditeurs à « se retirer d’Amazon », il n’a évidemment pas tiré sur un partenaire qui représente outre-Atlantique un quart des ventes de livres. « Je respecte leur esprit d’entreprise et d’innovation, a-t-il déclaré. Nous préférons la coopération à la confrontation car notre but en tant qu’éditeur est de connecter l’auteur au lecteur, de rendre nos livres accessibles partout et à tous. » A.-L. W.

(1) Livres Hebdo, Publishers Weekly, The Bookseller, Buchreport, PublishNews Brazil.

18.10 2013

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