UN PREMIER ROMAN PAR JOUR

Gilles Marchand, "Une bouche sans personne", Aux forges de Vulcain

Gilles Marchand - Photo DR

Gilles Marchand, "Une bouche sans personne", Aux forges de Vulcain

Tous les jours pendant l’été, Livres Hebdo présente un premier roman de la rentrée littéraire 2016. Aujourd’hui Une bouche sans personne, de Gilles Marchand. 

Par Claude Combet
Créé le 20.07.2016 à 16h09 ,
Mis à jour le 25.07.2016 à 13h19

"J’ai un poème et une cicatrice"... assène dès la première phrase le narrateur d’Une bouche sans personne, premier roman de Gilles Marchand, à paraître le 25 août aux éditions Aux forges de Vulcain. Le livre est sélectionné parmi les 6 "Talents à découvrir" de la chaîne Cultura.

Comptable fuyant la compagnie des hommes, la bouche dissimulée par des écharpes qu’il collectionne, il ne trouve son réconfort qu’auprès des compagnons de bistrot, Sam qui reçoit des lettres de sa mère morte, Thomas le romancier qui parle à ses enfants qu’il n’a jamais eus, et la belle Lisa que tous aiment en silence, le tout sur fond d’Album blanc des Beatles (l’auteur a été batteur dans plusieurs groupes de rock et a écrit des paroles de chanson). 

Décidé à parler, il captive son auditoire (on vient même de loin pour l’écouter) avec l’histoire de son grand-père Pierre-Jean, qui l’a élevé. Au fur et à mesure que le récit progresse, la fantaisie envahit sa vie quotidienne. Les ordures s’accumulent dans le hall de son immeuble au point d’en bloquer la porte, les notes de frais s’enrichissent d’un piano cocktail cher à Boris Vian, de chaussures à crampon et d’un caniche nain… comme le lui a enseigné ce grand-père à l’imagination débordante. "[ma vie] a commencé dans la laideur mais Pierre-Jean s’est efforcé de m’en montrer la beauté et l’originalité" explique-t-il.

Gilles Marchand a réussi un roman léger dans le ton, riche de références à Romain Gary, Georges Perec et Boris Vian avec son "petit air mélancolique [qui] cherche une oreille qui pourrait le retenir […]  et se précipite hors du métro pour trouver une maison de disque", qui n’est pas sans rappeler En attendant Bojangles. Comme chez Olivier Bourdeaut, cette apparente légèreté cache les blessures les plus profondes, celle de la fameuse cicatrice, et l’imaginaire est l’ultime recours contre l’horreur de la vie et "ces voix qui [les] réveillaient l’un et l’autre au milieu de la nuit".

Né en 1976 à Bordeaux, Gilles Marchand est rédacteur pour le Who’s Who et chroniqueur pour le site de polars, k-libre. Si Une bouche sans personne est son premier roman, il a signé en 2011 Dans l’attente d’une réponse favorable, 24 lettres de motivation chez Antidata, où il a aussi été éditeur. Il a également imaginé deux polars postaux pour Zinc Editions (Green Spirit et Les évadés du musée) et coécrit avec Eric Bonnargent, Le roman de Bolano, aux Editions du sonneur en 2015. 

 

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