Herman Koch, "Jours de Finlande" (Belfond) : Neiges finnoises

Herman Koch - Photo © Mark Kohn

Herman Koch, "Jours de Finlande" (Belfond) : Neiges finnoises

L'auteur de la comédie de mœurs Le dîner, Herman Koch, signe un roman autobiographique le ramenant à un séjour de jeunesse en Finlande.

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Par Sean Rose
Créé le 25.05.2022 à 11h00 ,
Mis à jour le 25.05.2022 à 15h26

Les huis clos les plus pervers se constituent souventdans des espaces publics ou communs, comme autour d'une table de famille, chez soi, au restaurant... Deux frères et leurs épouses se donnent rendez-vous à une adresse branchée d'Amsterdam. Entre hors-d'œuvre et dessert, c'est la mascarade sociale, mais elle occulte mal la face hideuse des actes de leurs fils respectifs que les deux couples sont prêts à tout pour couvrir. Herman Koch, l'auteur du Dîner,comédie de mœurs acide, revient aujourd'hui avec un roman aux accents intimistes sur un séjour de jeunesse dans une ferme en Finlande au début des années 1970.

Le narrateur de Jours de Finlande, dont le nom est également Herman Koch, est un écrivain reconnu et traduit. À l'occasion d'un événement littéraire, il retourne dans le pays scandinave où son père l'avait poussé à aller pour se changer les idées, ou plutôt en trouver, puisqu'après l'équivalent néerlandais du bac, le jeune homme était perdu. Troquer le brouillard existentiel contre les neiges finlandaises, où l'apprenti garçon de ferme venu des Pays-Bas sait au moins que, s'il ne comprend rien aux choses, la barrière linguistique en sera la cause. Il apprend tout de même les rudiments de cet idiome, les « bonjour-merci-au revoir », le vocabulaire technique agricole, et puis, lorsqu'on l'interroge sur sa situation familiale, ces deux mots de finnois pour dire sa situation familiale : äiti kuolutt, « mère morte ». Sans doute est-il plus simple de dire le deuil dans une langue étrangère, la Camarde est une taiseuse et, dût-elle s'exprimer, nous n'arrivons pas à l'entendre. Le garçon avait pourtant fait bonne figure quand sa mère est morte des suites d'une maladie. Les copains ne le sondaient pas sur son malheur si peu apparent, il avait même un certain succès auprès de la gent féminine qui le trouvait touchant, ainsi enveloppé dans son chagrin discret. Le jeune Herman sortait avec une fille durant cette période. En Finlande, il en rencontre une autre.Ici et maintenant, à plus de 60 ans, c'est son éditrice finlandaise dont il fait connaissance. Elle lui rappelle l'héroïne de Tolstoï, Anna Karénine. Allers-retours entre passé et présent, entre amours mortes et sentiment vif. C'est toujours cette mère partie trop tôt qui hante ces pages en filigrane, figure du manque et emblème de notre insatiable besoin de consolation. Ces Jours de Finlande dépeignent, sous un ciel de neige, en forêt de mélancolie, un paysage d'enclos.

Herman Koch
Jours de Finlande Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Belfond
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 21 € ; 272 p.
ISBN: 9782714494450

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