Métiers du livre : tout un roman 5/5

Jean-Baptiste Gendarme conseille les primo-romanciers

Jean-Baptiste Gendarme

Jean-Baptiste Gendarme conseille les primo-romanciers

Les romanciers de l'automne s’inspirent de leur quotidien pour mettre en scène un écrivain après la publication de son ouvrage, à la rencontre des divers acteurs de la chaîne du livre. A l’occasion de la rentrée littéraire, voici tout au long de la semaine des extraits de ces romans se faisant l’écho de scènes bien connues des professionnels du secteur.

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Par Anne-Laure Walter
Créé le 29.08.2014 à 20h19

Auteur de cinq romans, Jean-Baptiste Gendarme a recueilli le témoignage de nombreux jeunes écrivains, croisés notamment via la revue qu’il a créée il y a dix ans, Décapage.

Dans un livre plein de légèreté mais avec de vrais conseils, il raconte les Splendeurs et misères de l'aspirant écrivain (Flammarion). Il publiera par ailleurs La pause le 8 octobre chez Calmann-Lévy, qui reprend les BD de critique littéraire, illustrées par Alban Perinet, que l’on peut lire dans Décapage.

“Je voulais raconter le parcours d’un primo-romancier et démontrer que la publication n’est pas le plus difficile, explique-t-il à Livres Hebdo. Les éditeurs, quoiqu’on en dise, lisent les manuscrits, la difficulté n’est donc pas tant de se faire éditer, c’est la suite ! Et les jeunes romanciers sont peu informés du fonctionnement de la chaîne du livre. Parmi les auteurs qui sont publiés et qui participent à Décapage, il y en a plusieurs qui n’ont jamais entendu parler d'un représentant, par exemple.”

Extraits.

Le libraire
“S'il y a bien quelqu’un qu’il convient de ne pas se mettre à dos, c’est le libraire. Au final, c’est à lui que revient la charge de vendre – ou pas – votre livre. Puisque vous fréquentez une ou deux librairies, vous savez déjà que le libraire aime le lecteur qui sait exactement ce qu’il veut et qui parvient à trouver seul le livre dans les rayons. Le libraire fuit comme la peste le client qui entre avec un morceau de journal mal arraché à la recherche du dernier livre chroniqué. Encore un emmerdeur qui va faire une comédie pour avoir le livre qu’il désire. Les lecteurs ont horreur de ne pas trouver le livre qu’ils cherchent. Comme s’ils craignaient de ne plus avoir envie de le lire s’ils devaient commander l'ouvrage. [...] Maintenant, malgré vous, dès qu’une librairie se profilera à l'horizon, votre rythme cardiaque s’accélèrera, vos mains seront moites, vos enjambées longues.”

Le bizutage du salon du livre
“Pendant l’apéro du soir, les élus locaux viennent inaugurer le festival. Ils se moquent pas mal de la littérature et enchaînent les lieux communs les plus insignifiants et les considérations grotesques sur l’art en général, la littérature en particulier, la lecture (pour tous) et l’écriture (‘Ah mais comment font-ils, ces auteurs ?’) Les discours se concluent par un débordement d’autosatisfaction.
Ensuite, quelques bouteilles sont débouchées. Un buffet froid s’étale sur des trétaux branlants. Vous essayez de trouver une place. Des groupes se forment. Une attachée de presse tente de rassembler les auteurs de sa maison.
‘On reste ensemble !’ dit-elle comme une animatrice de centres aérés – ce qu’elle a pu être d'ailleurs. Les auteurs et illustrateurs pour la jeunesse, toujours mieux organisés, se rassemblent aussi, au fond. Quelques vieux briscards de la télé sont accompagnés par des jeunes filles qu’ils font passer, sans tromper personne, pour leurs nièces. Vous ne souhaitez qu'une chose : rejoindre votre chambre d’hôtel, ce que vous faites au plus vite.”

Le deuxième roman, enfin
“On y est. Votre roman a paru il y a quelques mois. Votre vie n’a quasiment pas changé. le livre a eu un succès d'estime, comme on dit dans le milieu. C'est l’équivalent du ‘L'important c'est de participer’ des sportifs.
Votre éditeur ne paraît pas affecté par cet échec commercial. Cordial, il s'inquiète même de l’avancement de vos nouveaux projets. Avant de plonger totalement dans la neurasthénie, il est donc temps de vous remettre au travail. Sans forcer, laisser venir les choses. Un livre, vous l’avez maintenant compris, doit être le fruit d'une nécessité absolue. Aucune règle n'indique que vous devez impérativement publier un livre par an.”

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