Disparition

Jean-Paul Belmondo, le magnifique

Jean-Paul Belmondo. - Photo Fayard

Jean-Paul Belmondo, le magnifique

L'acteur est mort à l'âge de 88 ans. Monstre sacré, parmi les acteurs les plus populaires du XXe siècle, il avait été l'objet de nombreux livres.

Par Vincy Thomas,
Thomas Faidherbe,
Créé le 06.09.2021 à 21h12 ,
Mis à jour le 13.06.2023 à 11h10

Un monstre sacré du cinéma et du théâtre tire sa révérence. Jean-Paul Belmondo, affectueusement surnommé « Bébel », est mort le 6 septembre à l’âge de 88 ans.
 
César du meilleur acteur en 1989 et César d’honneur en 2017, deux fois nommé aux British Awards du meilleur acteur, Palme d’or d’honneur à Cannes en 2011 et Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à Venise en 2016, Belmondo a été un comédien actif de 1950 à 2011.
 


 
Il fut surtout l’un des acteurs les plus populaires de l’histoire du cinéma français, avec près de 160 millions de spectateurs qui l’ont vu dans une salle pour ses comédies, ses thrillers, ses cascades ou ses drames. Des années 1960 à la fin des années 1980, il fut le champion du box office avec des films comme Le cerveau, L’as des as, Le professionnel, Le Marginal, L’homme de Rio, Borsalino, Le casse, tous au-dessus des 4 millions d’entrées.
 
Son physique ne correspondait pourtant pas aux canons esthétiques de l’époque. Le fils du sculpteur Paul Belmondo, et de l’artiste Madeleine Rainaud-Richard, élevé dans les écoles bourgeoises parisiennes, préférait le sport : le cyclisme, le football, et surtout la boxe, dont il envisageait d’en faire sa carrière et dont il hérita son nez cassé.
 
Sa désinvolture apparente, sa jeunesse insolente et son esprit de bande (Bedos, Rochefort, Marielle, Girardot, Galabru…) scellèrent sa réputation de dilettante. Acclamé par le public lors du concours du conservatoire, le jury lui fait payer son attitude et l’empêche d’entrer à la Comédie française. Il s’accroche aux planches avec des succès dans le théâtre privé (César et Cléopâtre, L’hôtel du libre-échange, La mégère apprivoisée, Oscar). Il aime les textes, les mots, les livres. Pas étonnant qu’avec le temps, il tourne autant d’adaptations…

Prêtre, singe ou fou
 
A défaut d’interpréter des classiques, il sera la star d’une France en pleine mutation, l’incarnation d’une jeunesse aspirant à une certaine liberté. En étant recruté par Jean-Luc Godard dans A bout de souffle (1960), où il s’offre le luxe de l’improvisation, il ne se doute pas que le film va devenir une référence dans le 7e art, un pilier de la Nouvelle Vague.
 
Avec Godard, il sera également l’inoubliable Pierrot le fou cinq ans plus tard. Mais il tourne aussi dès le début de sa carrière avec Claude Chabrol, Claude Sautet, Vittorio de Sica, Jean Becker, Peter Brook… Il n’est pas encore une star, mais il est l’icône d’un cinéma d’auteur, se faufilant entre les genres, avec la souplesse d’un félin, passant de Léon Morin Prêtre au Doulos (Jean-Pierre Melville), d’un Singe en hiver à Cent mille dollars au soleil (d’Henri Verneuil). Il donne la réplique à Gabin, Loren, Moreau, Bourvil, Lollobrigida, Deneuve, ...
 

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Montrant ses muscles ou faisant le clown, mystérieux ou délirant, Belmondo tourne beaucoup durant les années 1960, jusqu’à six films par an. L’Homme de Rio en 1964 augure sa future carrière : entre action et comédie, ce film d’aventures (qui inspira Steven Spielberg pour Indiana Jones) est son premier triomphe populaire en salles.
 
Anti-héros et justiciers

Après diverses tribulations (d’un Chinois en Chine), il cherche malgré tout à renouer avec des drames plus profonds, même s’ils sont moins vus par le public. Il trouve ses plus beaux personnages chez Louis Malle (Le voleur), François Truffaut (La sirène du Mississipi), Claude Lelouch (Un homme qui me plaît, et plus tard Itinéraire d’un enfant gâté), Alain Resnais (Stavisky). Après Le Magnifique en 1973, l'histoire d’un écrivain vivant dans la misère et enrichissant son éditeur avec des romances à la James Bond où il s’imagine super-héros tombeur de dames, Belmondo se détourne du cinéma d’auteur pour embrasser des films populaires, réalisant ses propres cascades et s’exportant facilement. Il se produit lui-même, et cumule une fortune au fil de ses succès. Il maîtrise toute la chaîne, devenant une entreprise, une marque, plus qu’un acteur. Il a toujours fait en sorte que son travail d’acteur ne se voit pas. Il est malléable avant tout.
 
A partir de la fin des années 1980, il revient sur les planches avec succès (Kean, Cyrano, Tailleur pour dames, La puce à l’oreille, Frédérick ou le boulevard du crime). Il incarne Jean Valjean dans une version contemporaine des Misérables, s’amuse avec Alain Delon chez Patrice Leconte, se lance dans la science-fiction avec Cédric Klapisch… En 2001, un AVC le paralyse partiellement et l’oblige à se mettre en retrait.
 

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Outre une filmographie d’une ampleur et d’une diversité rare, et une popularité intacte durant soixante ans, Jean-Paul Belmondo a été un immense comédien, dont le jeu était bien plus nuancé et subtil, en plus d’être efficace et créatif, qu’on ne pourrait le croire.
 
Sexy avant l’heure, cool quand ce n’était pas encore un mot, Belmondo a joué les héros, les anti-intellectuels, les casse-cous, se souciant peu de son image, fonctionnant parfois à l’instinct, préférant jouer avec ses copains ou s’offrir les plus belles actrices dans ses génériques. « Il peut jouer avec autant de vraisemblance et de naturel un aristocrate ou un garçon du peuple, un intellectuel ou un gangster, un prêtre ou un clown. Cette disponibilité est telle que Jean-Paul pourrait même jouer un homme aimé des femmes, un séducteur, ou au contraire un homme rejeté par elles » expliquait François Truffaut.
 


 

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