La décrue des premiers romans

La décrue des premiers romans

Le plus réduit depuis onze ans, le cru 2013 est dominé par des thèmes graves : solitude, abandon, pauvreté, folie. Les guerres et les grands personnages de l'histoire inspirent aussi les primo-romanciers de tous âges.

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Par Manon Quinti
avec Créé le 15.04.2015 à 21h00 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Cet hiver, les éditeurs sont moins enclins à faire le premier pas que l'année précédente : 45 premiers romans français sont attendus, contre 55 en janvier et février 2012. La plupart des éditeurs publient un seul premier roman. Seuls quatre en programment deux (Mercure de France, Musardine, Denoël et Robert Laffont). Gallimard conserve son statut de meneur en annonçant, comme en 2012, trois premiers romans.

Photo OLIVIER DION

Cet hiver, la parité n'est toujours pas atteinte : on compte 19 romancières pour 26 auteurs masculins. Elles étaient 22 en 2012 pour 33 hommes. Grasset publie un ouvrage sous pseudonyme, intitulé Dolfi et Marilyn. Le doyen Michel Sogny a 65 ans, et la benjamine, Sophie Koltcha, 25 ans. Les journalistes sont toujours nombreux à se lancer dans la fiction : Oriane Jeancourt Galignani (Transfuge, "La matinale" sur Canal +), Erwan Desplanques (Télérama), France Cavalié (Télé 7 jours), Claire Gallen (AFP), Hubert Lauth (producteur et auteur de programmes de télévision), Côme Martin-Karl (Têtu), Pierre Schmidt (L'Indépendant de l'Yonne) et Fanny Taillandier, enseignante et journaliste notamment à Livres Hebdo. Parmi les parcours inattendus, on trouve un ancien braqueur, le comédien et rappeur Jean Gab'1, et un médecin urgentiste, Bénédicte Dehurtevent.

PORTRAITS DE FEMMES

Le thème de la famille et notamment de la maternité marque la production. Les traversées de Solange Delhomme évoque l'histoire de trois générations de femmes, à travers la découverte de secrets de famille (Denoël). Dans La balançoire (Elan sud), Laurence Creton dessine le portrait de deux demi-soeurs et pose la question des origines. Ce que je peux te dire d'elles (Robert Laffont) d'Anne Icart montre la violence des sentiments sous l'apparente douceur du cocon familial, avec la mise en scène d'une mère qui apprend que sa fille était enceinte et qu'elle vient d'accoucher. Une jeune femme observe son amie d'enfance au caractère opposé au sien dans La fille de l'air (Mercure de France) de Sophie Koltcha. Le narrateur de Rideau ! (Phébus) de Ludovic Zékian raconte l'histoire de la librairie familiale et la fin du rêve, en dressant le portrait de sa mère. Et le héros de 39, rue de Berne (Zoé) de Max Lobe, découvre à 16 ans l'univers féminin des prostituées.

QUÊTE INITIATIQUE

Le voyage est l'occasion, pour les personnages, d'une introspection. Un vieil homme et une petite fille entreprennent ensemble un périple vers une rivière dans Liberté dans la montagne (Corti) de Marc Graciano. Dans Le temps d'arriver (Gallimard) d'Aurélien Manya, un homme parcourt à pied la distance qui le sépare de celle qu'il aime. Khmers boléro (Riveneuve) de Dô Khiem met en scène deux anciens amants qui entreprennent un road-trip à travers le Cambodge. Dans Deuxième femme de Caroline Pochon, une femme quitte tout pour aller en Afrique et va être confrontée à la polygamie (Buchet-Chastel). Le héros de Si j'y suis (L'Olivier) d'Erwan Desplanques part à l'autre bout du monde lorsque sa mère tombe dans le coma. Et dans La silencieuse d'Ariane Schréder, une trentenaire quittée par son compagnon décide de se réfugier dans un petit village isolé (Philippe Rey).

L'HISTOIRE

Les nouveaux romanciers puisent aussi leur inspiration dans les événements historiques. Dans Les confessions du monstre (Flammarion), Fanny Taillandier, fille de l'écrivain François Taillandier, évoque la Première Guerre mondiale pour expliquer la barbarie d'un jeune homme ayant massacré sa famille. Au-delà de l'amoralité de la civilisation occidentale, ce sont ses mirages qui sont au coeur de La main d'Iman (Liana Levi) de Ryad Assani-Razaki, avec l'histoire de deux enfants africains, dont l'un veut à tout prix quitter le continent. Vie et mort de Paul Geny (Seuil) de l'historien Philippe Artières est une plongée dans l'Italie fasciste des années 1920-1930. Les héros de L'ombre douce (Viviane Hamy) de Hoai Huong Nguyen vivent une histoire d'amour pendant la guerre d'Indochine. Bérénice 34-44 (Serge Safran) d'Isabelle Stibbe raconte le destin brisé d'une actrice juive lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans un registre plus léger, Hubert Lauth provoque des rencontres inattendues entre une automobile et Guillaume le Conquérant, le général de Gaulle ou encore Jean Jaurès dans Kilomètres conteurs (Robert Laffont).

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