Florence Noyer, P-DG de Gallimard Canada : "La mosaïque de la diffusion et de la distribution est appelée à beaucoup changer dans les prochains mois."- Photo FABRICE PIAULT/LH

Diffusions Raffin rachetées en 2008 par les Messageries Benjamin, Diffusion du livre Mirabel (DLM) qui cesse ses activités en 2012, les Messageries Benjamin qui ferment à leur tour et déposent le bilan en 2013… En quelques années, la distribution du livre au Québec s’est trouvée profondément ébranlée, et l’onde de choc n’a pas fini de se faire sentir. "La mosaïque de la diffusion et de la distribution est appelée à beaucoup changer dans les prochains mois", reconnaît Florence Noyer, P-DG de Gallimard Canada, qui voit ce mouvement comme "une opportunité" même s’il crée aussi "de l’insécurité".

De par le poids du livre importé sur le marché - de l’ordre de 60 % -, les distributeurs, auxquels la loi 51 a garanti l’exclusivité, occupent, plus que les éditeurs, une position centrale dans la chaîne du livre au Québec. Leur association, l’Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française (Adelf), portée par une grosse vingtaine d’entreprises, a d’ailleurs fait figure de locomotive dans la bataille menée en 2012 et 2013 par le secteur pour obtenir une régulation du prix des livres, et elle entend bien y revenir car "on n’a pas le choix", assure son nouveau président, Serge Théroux (Dimedia). Mais l’activité se concentre toujours plus autour de deux mastodontes.

D’un côté la Socadis, initialement une société mixte créée par Gallimard et Flammarion, et désormais détenue à 100 % par Madrigall, a la particularité de se concentrer sur les prestations logistiques. Elle assure un service de diffusion pour les grandes surfaces et le réseau des pharmacies ou des tabagies, mais la diffusion dans le premier niveau est assurée par ses principaux clients : Gallimard Ltée, Flammarion Ltée et Hachette Canada, mais aussi Fides ou Ulysse. De l’autre, le géant ADP (groupe Sogides), notamment distributeur d’Editis et d’Albin Michel, s’est renforcé après le rachat en 2005 de la Sogides par Québecor, qui y a apporté ses propres activités d’édition et de distribution.

Challengers

Derrière les deux leaders, Diffusion Prologue, qui a notamment repris toute la distribution de Média-Participations après la fermeture de DLM tout en laissant la diffusion à La Boîte de diffusion, et Dimedia, dont La Martinière est actionnaire à 49 %, font figure de challengers. Viennent ensuite des sociétés d’édition qui ont choisi de conserver un outil de diffusion et de distribution autonome tels Ada, HMH ou BND (Bayard-Novalis), des distributeurs spécialisés tels Somabec (STM/SHS) ou Médiaspaul (religieux) et des petits distributeurs comme Edipresse.

Le resserrement du marché attise la concurrence, et les faillites successives, comme les concentrations dans l’édition française, contribuent à rebattre les cartes. Après que Prologue a repris la distribution d’éditeurs auparavant chez DLM, Bragelonne/Milady a préféré faire sécession pour rejoindre Hachette Canada/Socadis en distribution à partir du 1er janvier 2015, tout en restant diffusé par La Boîte de diffusion. La fermeture de Benjamin a essentiellement profité à la diffusion Flammarion, qui a aussi repris la diffusion de l’ensemble Actes Sud/Leméac, et donc également à la Socadis.

28.11 2014

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