Après presque sept ans de discussions via des avocats coûteux, l'Association des éditeurs américains (AAP) et ses membres, qui avaient assigné Google pour contrefaçon, ont trouvé un accord avec le moteur de recherche américain à propos de son programme de numérisation. Ils obtempèrent aux conditions posées depuis le début par ce nouveau venu dans l'univers du livre, et qui avaient alors semblé inacceptables. "Les éditeurs américains peuvent laisser ou retirer leurs livres et revues numérisés par Google dans son projet Bibliothèque. Ceux qui décideront de ne pas retirer leurs contenus en recevront une copie numérique pour leur usage", >indique le communiqué de l'AAP.
Le 19 octobre 2005, John Wiley & Sons, McGraw-Hill, Pearson, Penguin Group et Simon & Schuster se joignaient au procès collectif (class action) intenté par la Guilde des auteurs, reprochant à Google de numériser sans autorisation des livres dont ils détenaient les droits, à partir des fonds de bibliothèques universitaires américaines. Le moteur de recherche rendait accessibles de courts extraits de ces ouvrages dans sa base Google Livres. Il estimait agir dans le cadre d'un usage raisonnable (fair use), indiquant qu'il retirerait tous les ouvrages des éditeurs en désaccord. Ce sont à peu près les termes de la transaction annoncée le 3 octobre dernier. Quand ils se sont lancés dans cette procédure, les éditeurs souhaitaient juste faire respecter un principe de base de la propriété intellectuelle : que Google leur demande leur avis avant de reproduire leurs contenus. Comme la transaction est privée, elle restera confidentielle, notamment dans ses termes financiers. La justice n'aura rien à en dire, contrairement à la précédente tentative d'accord dans le cadre de ce procès collectif qui voulait aussi régler l'usage des oeuvres orphelines.
Les ouvrages que les éditeurs laisseront dans la base Google Livres pourront être vendus dans la librairie numérique Google Play, indique également le communiqué de l'AAP.
Selon Publishers Weekly, les éditeurs pourront aussi commercialiser eux-mêmes ces fichiers numérisés par Google, ou via d'autres librairies numériques. Car entre le début de la dispute et sa résolution, le livre numérique est devenu une réalité, à l'initiative principale d'Amazon, devenu un acteur autrement plus inquiétant que Google en cassant les prix. Craignant une déstabilisation de leur économie, les éditeurs américains ont tenté d'utiliser Apple et son iPad contre Amazon et son Kindle, mais dans des conditions que la justice américaine a jugé condamnables. S'ils sont utilisables, l'inclusion des millions de fichiers numérisés par Google dans sa librairie numérique donnera du poids à ce nouvel acteur, pour le moment loin du Kindle Store.
Les auteurs, dont l'AAP s'était désolidarisée l'an dernier, maintiennent quant à eux leur class action, jugeant que l'accord des éditeurs ne règle en rien le problème de fond posé par Google. Leurs avocats, rémunérés sur les éventuels dommages-intérêts obtenus, contrairement à ceux de l'AAP, ont aussi intérêt à poursuivre l'affaire. En France, le procès intenté (La Martinière, SNE, SGDL) s'est aussi terminé par des transactions secrètes.

