6 FÉVRIER -ROMAN HISTORIQUE France

Juillet 1783. La France ploie sous une extrême canicule, aggravée par l'éruption d'un volcan islandais, dont les nuages et les particules suffocantes obscurcissent le ciel. Tout un symbole. Car une autre éruption menace, autrement plus grave : dans tout le pays, le mécontentement va croissant, sur fond de misère, de disette, de crise sociale. Le tout attisé par l'aveuglement de la Cour, et en particulier de Marie-Antoinette, "l'Autrichienne" honnie, cible de pamphlets et de libelles orduriers, mais efficaces. L'Ancien Régime est en train de vivre ses dernières années, alors que les privilégiés continuent de danser sur un volcan.

Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, homme de confiance chargé par le roi de quelques "affaires extraordinaires", et aussi tout dévoué à la reine, n'est pas de ceux-là. C'est un privilégié, certes, fils bâtard du marquis de Ranreuil rétabli dans ses titre, château et droits. Mais c'est surtout un policier intègre, consciencieux, un homme compatissant à l'écoute des souffrances du peuple, que son métier l'amène à coudoyer, aussi bien que la Cour. Où il se voit chargé par Marie-Antoinette d'élucider la mort d'un de ses "entours", un de ses proches, le vicomte de Trabard, piétiné dans son box par un de ses étalons. Nicolas va vite apprendre que le défunt était un personnage peu recommandable, faux-monnayeur, libertin "antiphysique" et espion au service des ennemis de la reine. Et qu'il a été assassiné. Au fil de son enquête, il découvrira les intrigues de Cagliostro et de la comtesse de La Motte, le rôle ambigu du beau Fersen, la bêtise du cardinal de Rohan, l'attitude suicidaire du clan Polignac. Il devra se rendre jusqu'à Londres pour endiguer - provisoirement - l'industrie des libelles calomnieux contre la reine.

Nicolas n'est pas tant un intuitif qu'un déductif. Méthode apprise de son mentor, l'ex-lieutenant général de police Sartine, lequel tire toujours les ficelles dans l'ombre. Secondé par ses amis, son adjoint Bourdeau, ouvert aux "idées neuves", le docteur Semacgus, son presque père M. de Noblecourt, Le Floch raisonne, délibère, confronte ses idées avec celles des autres, et finit, comme il se doit, par trouver la vérité et punir les coupables. Mission accomplie, mais à chaque fois plus pénible. On sent chez lui une espèce de lassitude, augmentée par le climat général. "Le royaume est malade", avoue Le Noir, successeur de Sartine et "patron" de Nicolas. Heureusement, la gourmandise est toujours là, et la bonne chère partagée - la cuisine est un des péchés mignons de l'auteur et de son héros - permet d'oublier bien des soucis.

Onzième volume des Enquêtes de Nicolas Le Floch, série à succès créée en 2000 par Jean-François Parot, cette Année du volcan est un bon cru, au moment où reparaît en poche (chez 10/18) le précédent, L'enquête russe, et où deux épisodes de ses aventures seront diffusés sur France 2 en février.

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