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La lecture reste une source "très importante" de plaisir pour 72 % des Français

Olivier Dion

La lecture reste une source "très importante" de plaisir pour 72 % des Français

Si 86 % des Français ont lu au moins un livre en 2020, le taux de lecteurs accuse un recul, probablement sous l’effet des restrictions liées à la gestion de la crise sanitaire, selon le quatrième baromètre Ipsos/CNL. 

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Par Cécilia Lacour,
Créé le 30.03.2021 à 17h31

Les Français sont toujours nombreux à lire. 86 % d’entre eux déclarent avoir lu au moins un livre en 2020 et 81 % se déclarent lecteurs, majoritairement les femmes et les personnes de 65 ans et plus. Pour autant, le nombre de lecteurs a reculé de 8 points par rapport à 2019, probablement à cause des contraintes et restrictions liées à la crise sanitaire, avec la diminution des déplacements et la fermeture des libraires et bibliothèques. C’est ce que révèle le quatrième baromètre bisannuel sur les Français et la lecture mené par Ipsos sur la base d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, et rendu public mardi 30 mars par le Centre national du livre (CNL).

Les données du baromètre doivent être prises avec précaution. Par souci de cohérence avec les études précédentes, le questionnaire est identique à celui des vagues antérieures et ne pose pas de "questionnement particulier sur les pratiques pendant et hors confinement". 

Intensification de la lecture travail

Outre la fermeture des librairies et bibliothèques, les lecteurs ont eu moins d’occasions pour lire à cause des confinements. 96 % des lecteurs disent lire chez eux, 65 % en dehors de leur domicile et 48 % dans les transports. Ces circonstances de lecture restreintes pourraient être "en partie à l’origine de cette baisse de lectorat", suggère l’étude. 
 
Si le taux global de lecteurs semble avoir reculé, 26 % des répondants ont pourtant eu le sentiment d’avoir plus lu l’année passée (+ 6 points) mais 43 % déclarent ne pas souhaiter lire davantage. Alors que 95 % des sondés lisent par plaisir, ils sont 25 % à déclarer lire autant pour le travail que pour les loisirs (+ 5 points).

"Certainement du fait de cette intensification et de cette infiltration de la lecture travail, au sein du domicile, les lecteurs sont plus nombreux à avoir le sentiment de lire plus souvent qu’avant, provoquant chez certains une mise à distance de la lecture", suppose le CNL. 

Des lectures pour comprendre le monde

"La baisse du lectorat concerne près de la moitié des genres littéraires", indique le baromètre. Les Français ont moins lu de romans et de livres pratiques (-7 points) qui restent malgré tout les genres les plus appréciés. Le segment BD-Manga-Comics perd 10 points et sort du Top 3 des genres les plus lus au profit des livres d’histoire. Seuls les livres de reportages et d’actualité progressent : ils sont plébiscités par 36 % des lecteurs (+6 points). "Les Français ont probablement eu envie de mieux comprendre le monde et de décrypter la crise que nous avons traversée", suggère le CNL. Ces données sont à manier avec précaution, malgré tout, puisque la fiction, la BD et les livres pratiques ont été les plus vendus l'an dernier. Ce sont aussi les segments fiction et pratique qui ont enregistré les plus belles croissances de ventes en 2020, contrairement à la non-fiction en recul.
 
A noter également que 42 % des Français âgé entre 15 et 24 ans lisent autant pour leurs études que pour le loisir. Par conséquent, leurs lectures se tournent davantage vers des ouvrages pratiques (48 %), des titres d’histoire (45 %), des œuvres de littérature classique (43 %), ou des dictionnaires ou encyclopédies (41 %). Seule exception à ces "lectures plutôt "utilitaires"", les romans de science-fiction (47 %). 

L'attachement aux librairies et aux bibliothèques

Avec des établissements fermés l’année passée à cause de la crise sanitaire, les achats en librairie et emprunts en bibliothèque ont logiquement chuté en 2020. Pour autant, les Français affirment leur attachement aux librairies : ils sont 80 % à déclarer avoir acheté des livres en librairie. Les librairies générales (69 %) supplantent désormais les GSS (67 %), les GSA et les sites de vente en ligne de livres imprimés (39 % chacun) dans le classement des lieux d’achats. 
 
Parmi les acheteurs qui n’achètent pas leurs livres en librairie, 40 % indiquent de pas avoir de point de vente près de chez eux, 27 % continuent à penser que les livres coûtent plus cher qu’ailleurs et 24 % regrettent que les livres qu’ils recherchent ne soient pas toujours en stock. Ces obstacles sont moins prégnants qu’auparavant.

27 % des sondés disent avoir emprunté des livres en bibliothèques. Parmi les lecteurs réticents à pousser les portes des bibliothèques, 64 % expliquent préférer lire des ouvrages qui leur appartiennent, 28 % affirment que les livres qu’ils cherchent ne sont pas toujours en stock, 25 % n’ont pas d’établissement à proximité de leur domicile et 24 % estiment la durée du prêt trop contraignante. 

La lecture, une valeur bonheur en hausse

S’ils ont moins lu, "les Français n’ont jamais autant, ni de façon si affirmée, valorisé la lecture", pointe le baromètre. La lecture reste une source "très importante" de plaisir pour 72 % d’entre eux (+ 8 points), d’apprentissage et de découverte pour 66 % (+ 13 points) et de bonheur et d’épanouissement (49 %, + 20 points). Si les Français lisent d’abord pour approfondir leurs connaissance (24 %), la détente a fortement progressé (23 %, + 9 points) devançant la notion de plaisir (20 %). Chez les 15-24 ans, le désir d’évasion est désormais la deuxième motivation de lecture même si elle reste fortement concurrencée par d’autres loisirs. 
 
De manière générale, la concurrence des autres loisirs reste le deuxième frein à la lecture (37 %) après le manque de temps (51 %). Manquer de temps est-il un paradoxe dans cette période suspendue ? Pas forcément. En effet, 39 % des salariés indiquent travailler davantage à l’heure du déjeuner, 31 % travaillent plus tard le soir, voire le week-end, et 41 % estiment avoir moins de temps libre à cause du travail, des tâches domestiques ou encore de l’accompagnement des enfants. 

Contraints à limiter leurs déplacements et les visites chez des proches, les Français aimeraient sortir avec des amis (31 %) s’ils avaient plus de temps libre. Pourtant, bien qu’en baisse, la lecture serait leur deuxième activité privilégiée, devant les sorties culturelles ou la pratique d’un sport. 

La prescription change de visage

Logiquement, le premier levier d’incitation à la lecture reste le fait d’avoir plus de temps à y consacrer (55 %). Certains facteurs sont toutefois en nette progression : l’envie d’avoir accès à des lectures plus faciles qui demandent moins d’efforts (14 %, + 4 points), la prescription en ligne laissée par des internautes sur les blogs et les sites marchands (12 %, + 4 points) ou encore les discussions sur les réseaux sociaux (10 %, + 3 points). 

Le baromètre pointe enfin que 79 % des lecteurs choisissent leur livre avant de se rendre dans un point de vue. L’envie de lire un auteur qu’on apprécie, la recommandation d’un proche et celle d’un journaliste ou critique littéraire sont les trois premiers critères de choix. Cependant, leur influence s’amoindrit au profit de la recommandation des internautes (40 %, + 9 points). 

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