Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

La révolution qui fait "boum", c’est la révolution numérique. Avec l’arrivée des ebooks à la fin des années 2000, elle a fait et continue de faire couler des flots d’encre, physique et digitale. Mais une autre révolution, concomitante et, elle, silencieuse, touche en profondeur la distribution du livre imprimé.

Photo PHOTO OLIVIER DION

On va très vite en mesurer les conséquences pour l’édition et le marché du livre. En trois ans seulement, le nombre de grands distributeurs polyvalents de livres, notamment de littérature générale, s’est réduit de cinq à trois, Hachette, UD-Sodis et Interforum-Volumen, qui contrôlent, d’après les estimations de l’Autorité de la concurrence, plus de 80 % du marché. Madrigall a beau conserver les identités de la Sodis et d’UD, et Interforum mener avec prudence, en prenant son temps, le processus d’intégration de Volumen, l’inquiétude de nombre d’éditeurs indépendants diffusés et distribués par les uns ou les autres donne une idée de l’ampleur du chantier en cours. Plusieurs ont d’ailleurs dénoncé, ou envisagent de dénoncer leur contrat de diffusion et de distribution. Les plus petits craignent de ne plus pouvoir bénéficier d’un dispositif de mise en marché de leur production adapté à leurs besoins. Pour tous les éditeurs, le choix se restreint, même si les principaux peuvent encore espérer bénéficier un peu de la vive concurrence que se livrent les trois géants.

On ne peut pourtant les incriminer. La concentration de la distribution est d’abord le produit de l’équation impossible à laquelle sont confrontés les distributeurs. Alors que le nombre de nouveaux titres ne cesse de progresser, les volumes, eux, se réduisent, augmentant les coûts de traitement. Les distributeurs doivent aussi sans cesse améliorer la qualité de leurs services aux détaillants, eux-mêmes fragilisés par l’essor des plateformes de vente en ligne. Ils ne peuvent que rechercher leur salut dans une course aux flux et aux économies d’échelle.

Il faut souhaiter que ces efforts de rationalisation et d’optimisation ne s’opèrent pas au détriment de la diversité éditoriale en privant les petits et moyens éditeurs d’une distribution de qualité.

02.10 2015

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