Mémoire

L'Allemagne restitue à la France huit documents issus des spoliations nazies

Remise des livres spoliés à la BNF le 24 mars. De gauche à droite: Sebastian Finsterwalder de la Bibliothèque centrale et régionale de Berlin, Laurence Engel, présidente de la BNF, Yves Alix, directeur de l'enssib, Sylvain Manville, chef de la Mission des Archives nationales au ministère de l'Intérieur. - Photo Andre-Pierre Syren/Enssib

L'Allemagne restitue à la France huit documents issus des spoliations nazies

A l'issue du colloque sur les bibliothèques spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale, organisé à Paris les 23 et 24 mars, un représentant de la Bibliothèque centrale et régionale de Berlin a remis officiellement à plusieurs ministères français des ouvrages transférés en Allemagne il y a plus de 70 ans.

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Par Véronique Heurtematte,
Créé le 26.03.2017 à 12h46 ,
Mis à jour le 28.03.2017 à 17h21

L'Allemagne a restitué officiellement à la France, vendredi 24 mars, huit documents issus des spoliations menées par les nazis, qui ont touché pendant la Seconde Guerre mondiale des particuliers mais également des institutions et des ministères français.

La cérémonie s'est déroulée à Paris, à la Bibliothèque nationale de France (BNF), à l'issue du colloque international "Où sont les bibliothèques spoliées par les nazis ? Tentatives d'identification et de restitution, un chantier en cours", organisé par le centre Gabriel Naudé de l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques avec le concours de plusieurs institutions partenaires, françaises et étrangères.

"Beaucoup d'émotion"

Sebastian Finsterwalder, qui mène depuis plusieurs années un important travail pour identifier les documents issus des confiscations nazies parmi les collections de la Bibliothèque centrale et régionale de Berlin où il travaille, a remis les ouvrages aux représentants des ministères français auxquels ils avaient été volés il y a plus de 70 ans.

Sylvain Manville, chef de la Mission des Archives nationales au ministère de l'Intérieur s'est vu remettre un volume de Robert Joseph Pottier, Traités sur différentes matières de droit, appliquées à l'usage du barreau et de jurisprudence Françoise, publié en 1773.

Le ministère de la Justice, représenté par Antoine Meissonnier, chef du département des archives, de la documentation et du patrimoine, a retrouvé un volume de Pierre Helyot et Maximilien Bullot, Qui comprend les Congregations des Chanoines Reguliers & des Chanoinesses Regulieres, avec les Ordres Militaires qui y ont raport, datant de 1714.

Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international a reçu 6 volumes parmi lesquels un ouvrage de Benjamin Binet, Idée Generale de la Theologie Payenne [...] publié en 1699. "Je reçois ces ouvrages avec beaucoup d'émotion, a déclaré Hervé Magro, directeur des Archives diplomatiques. Il est nécessaire de développer la coopération internationale et d'utiliser au mieux Internet pour faire connaître largement les travaux menés sur les spoliations".

Un fichier complet d'ici un an

La Bibliothèque nationale de France, qui fait partie des établissements français ayant reçu après guerre des collections spoliées n'ayant pas pu être restituées à leurs propriétaires, a remis à la petite-fille et aux deux arrière-petites filles de Victor Basch, très émues, un livre ayant appartenu au philosophe, Les métiers du théâtre de Pierre Paraf, publié en 1923.

"La bibliothèque nationale de France a engagé un important travail d'identification de ces ouvrages, a souligné Laurence Engel, présidente de la BNF. Notre objectif est de constituer un fichier complet de toutes ces données afin de faciliter les démarches d'identification des propriétaires. Je m'engage ici devant vous à ce que ce projet aboutisse d'ici un an".

"La plupart des livres n'ont pas de marque d'appartenance, a rappelé Martine Poulain, chercheuse au centre Gabriel Naudé, à l'initiative du colloque, en conclusion. Il sera donc très difficile de les restituer mais notre devoir est de les conserver en mentionnant qu'ils sont orphelins et n'ont pas pu être restitués à leurs propriétaires légitimes. Il s'agit d'une forme de justice, qu'on sache que des gens persécutés ont perdu leur bibliothèque et, ainsi, une partie de leur vie".

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