« Il faut surprendre », lance Marie-Rose Guarniéri (librairie des Abbesses, Paris 18e), responsable de l’association Verbes qui organise depuis 1998 la version française de la Sant Jordi, fête catalane qui consiste à offrir une rose aux dames et un livre aux messieurs. Devenu, en France, la fête de la librairie indépendante, l’événement joue cette année la carte de la tradition galante… avec, en plus, une dimension ludique. Les 390 librairies participantes sont, depuis quelques semaines, invitées à offrir à leurs clients une carte postale dessinée par Sempé invitant le destinataire à se rendre, samedi 28 avril, dans une librairie choisie par l’expéditeur. Ce dernier y aura acheté et fait mettre en réserve un livre destiné à la personne conviée. 300 000 cartes ont ainsi été éditées. « La carte postale est une invitation à retrouver le plaisir de l’écrit, du papier… et du livre », explique Marie-Rose Guarniéri. Car la manifestation est aussi un acte militant visant à défendre la diversité éditoriale. Les personnes conviées à retirer un livre ou venant simplement en acheter recevront ce jour-là une rose mais aussi un livret baptisé Lettre ouverte aux lecteurs qui aspirent encore à la liberté 3. Gracieusement édité à 24 000 exemplaires par Thierry Magnier et diffusé (comme les cartes) par UD via Actes Sud, ce nouvel opus réaffirme les enjeux de l’indépendance, avec quatre textes : de l’association Verbes, de Benoît Bougerol (président du SLF), de Françoise Nyssen (présidente d’Actes Sud) et de Jérôme Vidal (auteur et cofondateur des éditions Amsterdam).

Plus de soutiens en vue d'avoir plus de visibilité

Forte de la constance de ses partenariats (1), la manifestation bénéficie cette année de moyens financiers élargis. Non seulement le Centre national du livre (CNL) a porté de 10 000 à 12 000 euros sa participation mais surtout, pour la première fois, la région Ile-de-France contribue elle aussi, à hauteur de 15 000 euros. Un partenariat que Verbes espère pérenniser. « Il n’y a pas d’engagement formel pluriannuel, modère-t-on au conseil régional, mais, a priori, il n’y a pas de raison de ne pas vouloir le renouveler. »

Du côté des librairies, l’événement est d’abord un moment de convivialité avec les clients. « L’origine catalane plaît ici », note-t-on à la librairie Louis-XIV (Saint-Jean-de-Luz). « Symboliquement, c’est important, même si commercialement je ne suis pas sûre que nous vendions plus de livres ce jour-là », enchaîne-t-on chez Calligramme à Cahors. N’organisant pas toujours d’animations, les libraires peuvent, cette année, communiquer à l’avance auprès de leurs clients grâce à la carte. Nouveau, le principe n’apparaît toutefois pas toujours très clair pour les clients, selon certains libraires. Si nombre d’entre eux ont déjà distribué des cartes, ils n’ont pas encore enregistré d’achat dans ce cadre. Comme en convient Marie-Rose Guarniéri, l’enjeu est dorénavant de donner à l’événement une visibilité plus grande, ce qui passe par une plus large communication dans les médias nationaux et locaux.

(1) Editions Thierry Magnier, Actes Sud, Union Distribution, imprimerie Technic Imprim, Livres Hebdo, SLF, CNL, Drac Ile-de-France, région Ile-de-France.

http://www.sauramps.com/article.php3?id_article=2561