Prix unique

Le Mexique repense sa loi du livre

Au Mexique, la promotion de la lecture et du livre n'est pas une priorité. - Photo Mylène Moulin

Le Mexique repense sa loi du livre

Les éditeurs mexicains ont soumis au Sénat une proposition de modification de la législation pour la rendre plus efficace et surtout réussir à la faire appliquer.

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Par Mylène Moulin, Guadalajara, Mexique
Créé le 03.12.2014 à 17h02

La Chambre nationale de l’industrie éditoriale mexicaine (Caniem), le Conseil national pour la culture et les arts (Conaculta) et une poignée de sénateurs de la Commission de la culture ont déposé, fin novembre une proposition de modification de la loi du livre en vigueur au Mexique. Ce document de recommandations a été soumis au Sénat, qui devrait l’analyser et en débattre d’ici avril 2015. Si elles sont acceptées, les nouvelles dispositions pourraient entrer en application dès la rentrée 2015.
 
Les réformes proposées par les professionnels du livre concernent trois points principaux: la création d’une pénalité pour ceux qui ne respectent pas le prix unique du livre; l’extension de la nouveauté à 24 mois (contre 18 actuellement) et l’établissement des bases de la réglementation du livre numérique.
 
Six ans après sa mise en place, la loi mexicaine du livre n’est encore que rarement appliquée. “C’est une belle loi mais elle ne prévoit pas de sanctions en cas d’infraction. Il est indispensable d’y intégrer la notion de pénalisation”, estime José Maria Castro, de Siglo XXI. Pour l’éditeur, renforcer la législation du livre devra s’accompagner de nouvelles politiques publiques de soutien aux librairies. “Une loi du prix unique efficace sera un début pour réguler notre marché. Mais pour boucler la boucle, il faudrait aussi multiplier les espaces de vente et soutenir ceux qui existent déjà”, souligne José Maria Castro.

Des problèmes de promotion de la lecture

Lors d’une rencontre organisée lundi 1er décembre dans le cadre de la Foire internationale du livre de Guadalajara, José Ignacio Echeverría, président de la Caniem, Ricardo Cayuela, directeur des publications du Conaculta, et l’éditeur Marcelo Uribe ont échangé sur les réformes possibles de la loi du livre avec la présidente de la Commission de la culture du Sénat, Blanca Alcalá. Ils ont convenu que la loi, parfaite sur le papier mais inutile dans la pratique, est restée lettre morte depuis sa promulgation.
 
Pendant la table ronde, les professionnels ont déploré que la lecture “vecteur de lien et de cohérence sociale”, ne soit pas une priorité pour le gouvernement mexicain. Pour José Ignacio Echeverría, au Mexique “il n'existe pas de promotion de la lecture au niveau national mais des initiatives isolées. Malgré toutes les déclarations officielles, il n’y a pas de politiques publiques claires sur ce thème.”

Selon le président de la Caniem, le budget que l’Etat alloue à la promotion du livre et de la lecture serait passé de 80 millions de pesos (4 millions d’euros) par an en 2012 à zéro peso depuis 2013. “Quand j’ai dit aux députés que nous aurions besoin d’1,2 milliards de pesos (68 millions d’euros) pour un programme de soutien à la lecture dans les bibliothèques scolaires, ils ont pris peur et m’ont tourné le dos”, a déclaré Echeverría.

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