Proclamation

Le prix Constantinople 2025 revient à Roberto Saviano

Roberto Saviano - Photo DR

Le prix Constantinople 2025 revient à Roberto Saviano

Roberto Saviano remporte le prix Constantinople 2025, pour son travail sur la mafia napolitaine. Le créateur du prix, Metin Arditi, revient sur les prémices de cette récompense littéraire.

Par Lora Lemaréchal
Créé le 19.11.2025 à 19h30

Le prix Constantinople a été décerné mercredi 19 novembre à l'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano dans le salon Psyché du Ritz, à Paris.

Le prix Constantinople récompense depuis 2022 une ou deux personnalités, auteurs ou autrices, d'une œuvre ou d'une multitude de récits, romans ou essais visant à l'apaisement dans un contexte conflictuel. Le prix reconnaît cet engagement par les personnages de l’œuvre, ses intrigues et son inspiration, ou par son analyse approfondie des forces en jeu et sa rigueur.

Le prix a été créé par Metin Arditi, écrivain suisse francophone, mécène, ingénieur et ambassadeur. Il a également créé la Fondation « Les Instruments de la Paix-Genève », qui favorise l’éducation musicale à des enfants de Palestine et d'Israël.

Le lauréat

Roberto Saviano est né à Naples en 1979 à Casal Di Principe, fief de la Camorra, la mafia napolitaine. Diplômé en philosophie, il entame une carrière de journaliste. En 2006, après six ans d'enquête, il publie Gomorra (Arnoldo Mondadori Editore), qui paraît en France en 2007 aux éditions Gallimard. Ce livre sera un phénomène qui se vendra à des millions d'exemplaires dans le monde entier. Roberto Saviano a reçu plusieurs prix, et son livre a fait l'objet de deux adaptations, le film Gomorra de Matteo Garrone en 2008, puis une série télévisée italienne éponyme de Stefano Sollima en 2014.

Pour Livres Hebdo, Metin Arditi revient sur les origines du prix Constantinople et sur cette édition 2025. 

Metin Arditi : « Les gens qui mettent la vérité sur la table s’appellent Boualem Sansal, Roberto Saviano… »

Livres Hebdo : Comment vous est venue l’idée de la création de ce prix ?

Metin Arditi : Nous vivons une époque où pour 1 000 raisons les positions deviennent de plus en plus radicales. Vous avez remarqué ce phénomène en France j’imagine, avec la position israélo-palestinienne. Les gens qui ne se parlent plus, car ils ont des positions opposées, pourraient peupler une région entière. Je suis né à Istanbul, c’était encore une période où les communautés vivaient en harmonie et en dialogue. Le symbole du Bosphore a été le point de départ pour créer un prix qui entend faciliter et inviter au dialogue. Pour le reste, c’est souvent une question de circonstances. Le prix Constantinople est né parce qu’un jour je déjeunais avec Jean-René Van der Plaetsen, et j’ai trouvé en lui un écho, un ami, un soutien.

Comment choisissez-vous les auteurs lauréats ?

Comme dans chaque jury, il y a autour de la table des gens qui ont tous des personnalités et des points de vue personnels. En ce qui me concerne, c’est un travail d’écoute de ce que pensent et recommandent ces personnes. Pour la dernière remise, à Salman Rushdie, tout le monde autour de la table a dit oui. Il y a eu des cris de joie en 2023 pour Boualem SansalQuant à Roberto Saviano, c’est un homme d’un courage formidable qui n’hésite devant aucun obstacle. Pour faire surgir la vérité, il s’attaque à des montagnes. L’unanimité s’est faite autour de son nom en dix secondes. Ce n’est pas toujours le cas, la remise de prix la plus discutée a certainement été la première car elle avait une portée symbolique très forte.

Quel est l'objectif de ce prix ?

Je ne me suis jamais posé cette question, ce prix n’a pas de stratégie, il est spontané. Peut-être a-t-il de la portée à titre d’exemple. Quand j’étais ambassadeur à l’Unesco, j’ai choisi de parler du génocide du Rwanda, parce que c’était une situation horrible entre voisins, qui a trouvé une solution. La conclusion à laquelle je suis arrivée est la suivante : pour qu’il y ait réconciliation, il faut que la vérité soit dite. Cela passe forcément par un moment extrêmement douloureux. Les gens qui mettent la vérité sur la table s’appellent Boualem Sansal, Roberto Saviano… C’est la seule voie. C’est autre chose qu’un prix, c’est une démarche littéraire marquante.

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