Avec 69 premiers romans français contre 74 en 2011, les éditeurs jouent la prudence, à l'exception de Gallimard qui s'engage avec 5 titres contre 3 l'an dernier. Grasset maintient un unique ouvrage à son programme. Le Seuil, Actes Sud, Héloïse d'Ormesson, Le Cherche Midi, Denoël et d'autres n'en publient aucun. Quant à Erick Bonnier, directeur littéraire d'Encre d'Orient, il en profite pour lancer une nouvelle maison qui porte son nom avec le premier roman de Marie-Christine Saragosse, Temps ensoleillé avec fortes rafales de vent. Si l'année dernière, à la même période, la parité était quasi atteinte, l'écart se creuse à nouveau entre romanciers et romancières, et on revient à l'étiage habituel de deux tiers d'hommes et un tiers de femmes. La plus jeune a 21 ans (Chloé Schmitt, Les affreux, Albin Michel) et les plus âgés sont trois natifs de 1950 (L'Harmattan, LME et Luce Wilquin). Les thèmes préférés de ces romanciers s'articulent autour de la famille, la folie, la culture et les nouvelles technologies comme agents de transformation de la société.

HISTOIRES DE FAMILLE

Les nouveaux auteurs s'inspirent d'abord de leur vie, et la famille reste un des principaux ressorts de cette rentrée. Samuel Doux donne à son narrateur un point de vue critique sur le poids des origines, la mémoire et sa transmission dans Dieu n'est même pas mort (Julliard).

Au Passage, Que nos vies aient l'air d'un film parfait, par Carole Fives, est une intrigue sur l'amour entre un frère et une soeur qui vivent différemment le divorce de leurs parents dans les années 1980.

Manuel Candré signe Autour de moi (Joëlle Losfeld), dans lequel un petit garçon solitaire devenu adulte raconte ses souvenirs avec ses grands-parents qui l'ont gardé après la mort prématurée de sa mère, laissant veuf un père alcoolique et brutal.

Parmi les curiosités de la rentrée, Jérôme Duhamel, petit-fils de Georges Duhamel, poursuit la saga de son grand-père, Le clan Pasquier, vendue en France à plus de 3 millions de volumes et dans 40 traductions, avec L'heure où les loups vont boire (Flammarion).

Folie douce.Emmanuelle Guattari, fille de Félix, psychanalyste et codirecteur de la clinique psychiatrique de La Borde où elle a passé son enfance au début des années 1960, évoque avec tendresse ses souvenirs dans La petite Borde (Mercure de France). Des inconnus dans les couloirs, par Jan Marejko, suit les tribulations de Bogdan, de sa femme internée à Genève et de sa maîtresse (Slatkine).

Chez Minuit, Julia Deck publie Viviane Elisabeth Fauville, où une femme de 42 ans assassine son psychanalyste avec un couteau de cuisine offert par sa mère en cadeau de mariage. La mort est aussi présente dans Les pieds nus de Marie Simon (Léo Scheer), qui explore les sentiments d'une femme de marin devenue veuve.

ARTS ET LETTRES.

La narratrice de Julien Dufresne-Lamy partage son existence tourmentée dans une famille brisée, mais sauvée par la lecture : Dans ma tête, je m'appelle Alice (Stock) évoque la princesse de Clèves, Emma Bovary, Le Petit Nicolas... Makenzy Orcel livre Les immortelles (Zulma), une mise en abîme de l'écriture à travers un personnage d'écrivain qui, en échange des faveurs d'une rescapée, rend hommage aux prostituées mortes après le séisme de Port-au-Prince.

La journaliste de cinéma Caroline Vié évoque dans Brioche (JC Lattès) l'illusion amoureuse d'une femme critique de 7e art à travers sa passion pour un acteur hollywoodien. L'homme politique Bruno Le Maire met en scène un chef d'orchestre dans Musique absolue : une répétition avec Carlos Kleiber (Gallimard). Strummerville de Bruno Clément-Petremann est un hommage à Joe Strummer, le leader du groupe punk rock The Clash. Le livre a reçu le prix Première impression, lancé en septembre 2011 par les éditions La Tengo avec Le Mouv' pour récompenser un auteur jamais publié.

CONTEMPORAINS

uelques titres se démarquent par leur ancrage particulièrement contemporain. Ainsi, Pascal Guillet propose le journal d'un trader français installé à Londres, inspiré de sa propre vie, Branta Bernicla (Verticales). Aurélien Bellanger se lance dans La théorie de l'information (Gallimard), épopée économique française de l'invention du Minitel à l'arrivée des terminaux mobiles, ou encore de l'apparition d'Internet au Web 2.0.

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