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A l’occasion de la publication de son enquête annuelle sur les dépenses documentaires des bibliothèques universitaires, l’Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation (ADBU) lance un cri d’alarme : les budgets consacrés à l’acquisition de documents ne cessent de baisser depuis 2010. Si les dépenses consacrées à la documentation électronique sont en forte hausse, + 48 % depuis 2010, il n’en va pas de même pour les imprimés. Les budgets alloués aux livres ont enregistré un recul de 27,5 % en cinq ans.

Résultat : depuis trois ans, le volume global de livres achetés par les BU françaises est inférieur à celui de 2002, alors que de nombreux établissements se sont ouverts au cours de cette période. Certaines situations sont parfois extrêmes, comme dans cette bibliothèque universitaire d’Ile-de-France qui, il y a deux ans, avait complètement arrêté ses acquisitions de livres imprimés.

Or, alerte l’ADBU, contrairement à ce qui se passe pour les revues, cette baisse n’est pas compensée par le recours aux livres électroniques, dont l’offre reste insuffisante ou inadaptée. Proposés de façon packagée par les éditeurs, ces bouquets uniformisés ne permettent pas de répondre aux besoins réels des établissements. "Les livres constituent pourtant une ressource indispensable pour les étudiants ou pour certaines disciplines, comme l’histoire, la littérature, les mathématiques, déplorent les auteurs de l’enquête. On entend promouvoir en France une pédagogie inversée, depuis longtemps pratiquée dans les pays comparables au nôtre. Or, cette pédagogie implique l’accès à une documentation riche et variée, et un accompagnement méthodologique dans lequel les bibliothécaires ont un rôle à jouer."

L’ADBU se montre inquiète sur les conséquences à long terme d’une telle politique. "Les rythmes de la production éditoriale s’accélérant, il est très difficile de se procurer a posteriori des livres qui n’ont pas été achetés dès leur parution, note-t-elle. Nous assistons à un appauvrissement généralisé de la documentation de niveau universitaire en France. Et à des décisions budgétaires qui interrogent la réelle volonté d’accompagner la réussite étudiante."

Véronique Heurtematte

29.05 2015

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